Quel avenir pour les berlines compactes, une future Citroën C4 possible ?
- Jérémy
- il y a 2 heures
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L’industrie automobile européenne traverse une période de mutation profonde, redéfinissant les cartes d’un marché que l’on croyait immuable. L'actualité récente, marquée par l'arrêt définitif de la production de la Ford Focus dans l'usine de Saarlouis, agit comme un révélateur brutal des tendances actuelles. Ce modèle, véritable pilier du segment C depuis plus de deux décennies, s'efface pour laisser place à de nouvelles priorités industrielles. Cet événement soulève une interrogation légitime pour tous les observateurs et passionnés de la marque aux chevrons : dans ce contexte de contraction du marché des berlines traditionnelles, comment se positionne la Citroën C4 et quel est son avenir ?
La fin d'une ère pour le segment des berlines compactes
Durant plusieurs décennies, le segment des berlines compactes a constitué le cœur battant du marché automobile en Europe. Ces véhicules, loués pour leur polyvalence et leur équilibre, représentaient les plus gros volumes de ventes pour la majorité des constructeurs généralistes. Cependant, la dynamique s'est inversée de manière spectaculaire au cours des dernières années. L'arrêt de la Ford Focus n'est pas un cas isolé, mais s'inscrit dans une suite logique.
D'autres constructeurs historiques opèrent des virages similaires. Renault, par exemple, ne propose plus de Mégane thermique traditionnelle, ayant orienté sa stratégie vers la Mégane E-Tech électrique, dont les dimensions la rapprochent davantage d'une citadine polyvalente que d'une compacte classique. Même le segment premium n'est pas épargné par ces remises en question : Mercedes-Benz avait initialement programmé l'arrêt de sa Classe A avant de réviser sa stratégie pour la prolonger jusqu'en 2028, preuve de la volatilité et de l'incertitude qui règnent sur ce type de carrosserie. Le segment des berlines compactes voit ses parts de marché fondre, obligeant les constructeurs à revoir leurs gammes pour s'adapter aux nouvelles exigences des consommateurs.
L'hégémonie des SUV transforme le paysage automobile
La cause principale de ce déclin structurel est identifiée : l'essor irrésistible des SUV. Ces véhicules représentent désormais plus de 50 % des immatriculations de voitures neuves en Europe, une domination qui s'est construite au détriment des carrosseries traditionnelles, tuant d'abord les grandes berlines du segment D avant d'attaquer le segment C. Les constructeurs répondent pragmatiquement à cette demande en remplaçant leurs berlines par des modèles surélevés.
L'exemple de Ford est symptomatique : la capacité de production libérée par la Focus sera allouée à de nouveaux modèles de type SUV. Il suffit d'analyser les catalogues actuels pour constater cette omniprésence. Chez de nombreux concurrents, la gamme est quasi-exclusivement composée de crossovers et de SUV, du segment B au segment D. Cette uniformisation du marché pose un défi de taille pour les modèles restants : comment exister face à cette déferlante sans se diluer ? C'est dans ce contexte complexe que la stratégie de Citroën avec sa C4 prend tout son sens et démontre une pertinence singulière.
Le succès à contre-courant de la Citroën C4
Alors que le segment se contracte, la Citroën C4 de troisième génération réalise une performance commerciale remarquable. Loin de subir le sort de ses concurrentes directes, la compacte française s'est hissée à la deuxième place du segment en Europe, se positionnant juste derrière l'indétrônable Volkswagen Golf. Plus significatif encore, elle a occupé la place de première berline compacte en France cette année, confirmant l'attrait de son positionnement atypique.
Le secret de cette réussite réside probablement dans son architecture hybride qui mêle les codes de la berline à ceux du SUV. En adoptant une garde au sol légèrement surélevée, des grandes roues et des protections de carrosserie, la C4 répond aux attentes des clients friands de style baroudeur, tout en conservant la silhouette et l'efficience aérodynamique d'une berline. Ce choix audacieux, couplé au programme Citroën Advanced Comfort, permet à la voiture d'offrir une proposition unique sur le marché. Le récent restylage, opéré en début d'année, a permis de moderniser sa face avant notamment, relançant l'intérêt du public pour ce modèle qui entame la seconde partie de sa carrière avec sérénité.
Vers quel avenir pour le renouvellement de la gamme ?
Si le succès actuel est indéniable, la question du remplacement de la C4 reste entière. Dans un marché qui continue d'évoluer rapidement, Citroën devra opérer des choix stratégiques cruciaux pour la quatrième génération. Plusieurs scénarios se dessinent pour la marque. Le premier consisterait à persévérer dans cette voie de la "berline surélevée", un concept qui a fait ses preuves. Cependant, la tentation de basculer vers un pur SUV existe, bien que cela risquerait de créer une concurrence interne avec les C3 Aircross ou C5 Aircross.
Une autre voie, plus innovante, est suggérée par les tendances de design actuelles et les propos de Gilles Vidal, directeur du design de la marque. La recherche d'efficience énergétique, rendue indispensable par l'électrification, pourrait favoriser le retour de carrosseries plus basses et effilées, plus aérodynamiques que les SUV massifs. Les critiques croissantes envers l'encombrement et le poids des SUV pourraient également jouer en faveur d'une renaissance des berlines, sous une forme nouvelle.
L'avenir du segment C n'est peut-être pas scellé. Si les modèles traditionnels comme la Focus disparaissent, ceux qui savent innover et hybrider les concepts, à l'image de la Citroën C4, prouvent qu'il existe encore une place pour des véhicules différents, confortables et efficients. Il sera passionnant de suivre les prochaines annonces de Citroën, qui a la lourde tâche de renouveler un modèle vital pour ses volumes de ventes en Europe.


