[Les innovations Citroën] L'histoire de la direction DIRAVI, le bijou technologique de Citroën
- Jérémy

- 15 août
- 4 min de lecture

Citroën a toujours cultivé sa différence par des innovations audacieuses qui ont profondément marqué l'histoire de l'automobile. Quand on pense à la marque aux chevrons, l'image de la suspension hydropneumatique, véritable tapis volant, vient immédiatement à l'esprit. Cette technologie, symbole absolu du confort, fut bien plus qu'une simple signature ; elle fut une matrice d'innovations. En exploitant la puissance et la polyvalence de son système hydraulique haute pression, Citroën a pu explorer de nouvelles frontières en matière de freinage, de transmission et, surtout, de direction. C'est dans ce contexte foisonnant qu'est née la direction DIRAVI, une merveille d'ingénierie qui a transformé la relation entre le conducteur, sa voiture et la route.
La genèse d'une direction pas comme les autres
L'acronyme DIRAVI signifie « DIrection à Rappel AsserVI ». Derrière ce nom technique se cache une philosophie : offrir une précision de conduite et une sécurité inégalées, quelle que soit la vitesse. Née au tournant des années 70 pour équiper la nouvelle GT de la marque, la Citroën SM, la DIRAVI était une réponse à un défi de taille : comment garantir une stabilité parfaite à une voiture à traction avant puissante, capable de dépasser les 220 km/h ? L'ingénieur Paul Magès et ses équipes ont alors imaginé un système qui rompait avec tout ce qui existait. Contrairement à une direction assistée classique qui se contente de réduire l'effort, la DIRAVI est une direction entièrement hydraulique. Le volant n'est pas directement connecté mécaniquement aux roues en ligne droite ; il donne une "consigne" à un calculateur hydraulique qui pilote la crémaillère. Cette particularité permet d'isoler totalement le conducteur des imperfections de la route (nids-de-poule, saignées) et des réactions parasites, comme les effets de couple dans le volant lors de fortes accélérations.
Un fonctionnement au service de la sécurité et de l'aisance
Le fonctionnement de la DIRAVI repose sur plusieurs principes révolutionnaires. D'abord, l'assistance est maximale à l'arrêt, permettant de tourner les roues d'une butée à l'autre avec un seul doigt, ce qui rend les manœuvres incroyablement aisées. Ensuite, et c'est là son plus grand génie, la direction se durcit progressivement avec la vitesse. Un régulateur centrifuge, entraîné par la sortie de boîte de vitesses, ajuste la pression hydraulique envoyée au système. Plus la voiture roule vite, plus la direction devient ferme, empêchant les mouvements involontaires du volant qui pourraient être dangereux à haute vitesse. Enfin, la fonction de "rappel asservi" assure que les roues et le volant reviennent systématiquement et rapidement en position centrale dès qu'on le lâche, même à l'arrêt. Cette capacité d'autocentrage actif confère une tenue de cap rectiligne exceptionnelle, donnant l'impression que la voiture file sur un rail. Avec seulement 2 tours de volant de butée à butée sur la SM (contre plus de 3,5 sur beaucoup de voitures de l'époque), elle offrait une réactivité hors du commun.
De la prestigieuse SM à l'emblématique CX : une carrière remarquable
La direction DIRAVI a fait ses débuts en 1970 sur la Citroën SM, dont elle est devenue une signature technologique indissociable, au même titre que son moteur V6 Maserati. Elle a permis à ce coupé Grand Tourisme d'offrir une expérience de conduite unique, mêlant confort souverain et sécurité de très haut niveau. L'innovation était si marquante qu'elle a également été adoptée par Maserati pour ses modèles Quattroporte II et Khamsin. Après l'arrêt de la SM, cet équipement d'exception n'a pas été abandonné. Citroën l'a logiquement intégré à sa nouvelle berline haut de gamme, la CX, lancée en 1974. Sur la majorité de ses versions, la CX bénéficiera de la DIRAVI, contribuant à forger sa réputation de grande routière au confort et à la stabilité impériale. On la retrouvera même sur certaines versions V6 de la remplaçante de la CX, la XM, perpétuant ainsi cet héritage jusqu'au début des années 2000. Bien que coûteuse et complexe, la DIRAVI a laissé une empreinte durable, démontrant qu'une direction assistée pouvait être un élément de sécurité active à part entière.
Avec la DIRAVI, Citroën a prouvé que sa quête d'innovation ne se limitait pas au confort de la suspension. La facilité et la sérénité de conduite étaient déjà au cœur de ses préoccupations. En filtrant les perturbations de la route et en adaptant sa réactivité à la vitesse, la DIRAVI allégeait considérablement la tâche du conducteur, lui permettant de se concentrer sur sa trajectoire et son environnement. Cette philosophie trouve un écho particulièrement fort dans la démarche actuelle de la marque. Aujourd'hui, Citroën cherche à réduire la charge mentale au volant à travers son programme "Advanced Comfort". Cela passe par des sièges moelleux, des suspensions à butées hydrauliques progressives, mais aussi par des intérieurs épurés, des interfaces intuitives et des aides à la conduite qui rendent l'expérience plus simple et plus apaisante. En ce sens, l'esprit de la DIRAVI, qui visait à rendre la conduite à la fois plus facile et plus sûre, perdure. C'est l'héritage d'une vision où la technologie n'est pas une fin en soi, mais un moyen de procurer bien-être et tranquillité d'esprit au conducteur.






Cette direction s'accordait parfaitement avec l'essieu avant conçu avec " le pivot dans l'axe" .
D'où l'accord parfait sur la SM .
La suspension active à hauteur constante, les phares orientables, la diravi, le volant à moyeux fixés etc... ce sont des bijoux de famille de Citroën, des bijoux oubliés aux fond des tiroirs, et ce n'est sont pas des couches de mousse de densité variable qui remplacent. Il ne reste peu à peu de Citroën qu'un emblème à chevrons, un badge qu'on choisit pour décorer un véhicule qui peut aussi bien porter un lion qu'un éclair
Pour avoir utilisé cette direction magique sur 4 CX (2 CX 25 D, 1 CX 25 TRD TURBO, 1 CX 25 TRD TURBO 2) et plus de 600 000 kms parcourus" à fond les manettes" avec cette technologie, je puis vous assurer que je me suis senti orphelin lors de sa suppression (XM) ; Avec l'habitude, cette direction unique au monde, était diabolique d'efficacité et de sécurité, certainement très complexe et chère à industrialiser, elle n'a pas survécu aux économies d'échelles en vigueur dans le groupe PSA.
Je me rappelle de la descente de cols alpins avec cette direction, les Porsche n'avaient qu'à bien se tenir !
Regrets éternels, tout comme pour la suspension hydraulique et hydractive...
On était là dans le vrai de la sécurité de conduite, bien plus qu'avec les prothèses électroniques, pas toujours pertinentes, imposées par la technocratie bruxelloise.
On se réveille là-dessus avec ces accidents de freinage fantôme ?
Ca me ramène quelques 45 ans en arriere sur un exposé libre j’avais choisi d’exposer la direction diravi avec rappel asservi en ligne doite de la SM avec explication du fonctionnement au rétroprojecteur
Ça avait plu au public prof et étudiants