Citroën et le "Bashing" : décryptage d'une période agitée pour les chevrons
- Jérémy
- il y a 4 heures
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Depuis quelques temps, et plus particulièrement depuis le lancement de sa nouvelle C3, Citroën semble être la cible d'un phénomène que d'aucuns qualifient de "bashing", notamment en France. Les critiques, parfois acerbes, se sont multipliées, jetant une ombre sur les initiatives de la marque aux chevrons. Le récent changement à sa tête, avec le remplacement de Thierry Koskas par Xavier Chardon, a offert un nouvel angle d'attaque à certains titres de presse, prompts à souligner les difficultés de Citroën. Cet article se propose d'analyser cette situation avec recul, en démêlant les faits des perceptions et en évaluant les véritables enjeux pour la marque.
Un nouveau pilote aux commandes dans un contexte de changements fréquents
L'arrivée de Xavier Chardon à la direction de Citroën, succédant à Thierry Koskas qui occupait ce poste depuis début 2023 après avoir également pris la direction commerciale et marketing de Stellantis, marque un nouveau chapitre pour le constructeur. Ce changement, le troisième en près de cinq ans si l'on inclut le mandat de Vincent Cobée initié en janvier 2020, n'a pas manqué de susciter des commentaires. Plusieurs médias ont rapidement dépeint un tableau alarmiste, soulignant un "grand désarroi de Citroën" et les défis considérables attendant le nouveau dirigeant, comme l'a par exemple titré Auto Infos dans un article soulignant "Quatre patrons en cinq ans". Si une telle fréquence de changements au sommet peut légitimement interroger sur la stabilité et la vision à long terme, il est crucial de replacer cette situation dans un contexte plus large au sein même de Stellantis. En effet, cette dynamique n'est pas exclusive à Citroën. La marque DS Automobiles a également connu trois directeurs généraux depuis 2020 : Béatrice Foucher (2020-2023), suivie d'Olivier François (qui a cumulé avec ses fonctions chez Fiat et en tant que CMO global de Stellantis, de 2023 jusqu'au début de 2025 dans les faits), et désormais Xavier Peugeot. De même, Peugeot a vu se succéder Jean-Philippe Imparato jusqu'en 2021 (parti ensuite diriger Alfa Romeo, puis Pro One et enfin Stellantis Europe en 2024), Linda Jackson (2021 jusqu'au début de 2025) et récemment Alain Favey. Cette perspective élargie suggère que les réorganisations managériales sont une réalité pour plusieurs marques du groupe, et que pointer du doigt une instabilité spécifique à Citroën serait une analyse partielle. Certes, la continuité est un gage de sérénité, mais ces ajustements peuvent aussi refléter une adaptation stratégique dans un secteur automobile en pleine mutation.
Le "Citroën Bashing" : une perception amplifiée par certains épisodes médiatiques
La notion de "Citroën Bashing" n'est pas une simple vue de l'esprit. Thierry Koskas lui-même, lors de la présentation du nouveau C5 Aircross, avait publiquement évoqué ce traitement médiatique parfois défavorable, signe que cette perception est bien réelle au sein de la marque. Ce sentiment s'est particulièrement cristallisé autour du lancement de la nouvelle Citroën C3. La presse automobile, surtout en France, a largement relayé les bugs initiaux rencontrés par la citadine électrique, parfois avec une insistance notable. Des incidents isolés, comme celui d'une ë-C3 s'immobilisant sur un rond-point et refusant de redémarrer pendant trente minutes, ont fait l'objet de multiples articles (comme chez L'Automobile Magazine, La Provence ou Autoplus), alimentant une narration de difficultés techniques. Il est indéniable que tout nouveau modèle peut connaître des ajustements de jeunesse. Cependant, ce qui interpelle, c'est la différence de traitement médiatique par rapport à des situations similaires chez d'autres constructeurs. Par exemple, Renault a orchestré un rappel important pour sa nouvelle R5 électrique en raison de problèmes pouvant entraîner des arrêts intempestifs, un fait documenté notamment par le site Leocare qui évoque des risques de coupure moteur. Or, la couverture médiatique de ces désagréments sur la R5 a été nettement moins intense et critique que celle réservée à la C3 pour des problèmes de nature comparable. Cette disparité de traitement interroge et nourrit légitimement l'idée d'un regard particulièrement sévère, voire d'un certain acharnement, envers Citroën.
Il serait naïf de nier les défis auxquels Citroën, comme d'autres constructeurs, a été confrontée. Les problématiques liées à la fiabilité des moteurs PureTech ou les rappels massifs concernant les airbags Takata ont indubitablement affecté l'image de la marque, bien qu'il faille souligner que Citroën n'était pas l'unique acteur concerné dans ces deux affaires d'ampleur industrielle. Cependant, au-delà de ces faits avérés, on observe une tendance au "Citroën bashing" particulièrement visible dans certains médias automobiles français. Cette focalisation critique semble s'exercer avec plus d'acuité sur des modèles comme la C3 et le C3 Aircross. En revanche, sur les C4 et C5 Aircross, par exemple, les commentaires se montrent souvent plus mesurés, voire positifs, soulignant leurs qualités de confort et d'habitabilité. Une question se pose alors : est-ce une simple coïncidence si les C3 et C3 Aircross se positionnent comme des concurrents directs des modèles Dacia, notamment en termes de politique tarifaire agressive et de proposition de valeur ? Le segment des véhicules accessibles est âprement disputé, et il n'est pas interdit de penser que la pression concurrentielle puisse, d'une manière ou d'une autre, influencer la perception et la couverture médiatique. Pour Citroën, l'enjeu est double : continuer à adresser les défis techniques et qualitatifs avec rigueur, tout en travaillant à restaurer une image parfois injustement écornée. Le nouveau leadership aura la tâche de naviguer dans ces eaux complexes, en s'appuyant sur l'héritage d'innovation et de confort de la marque pour tracer une voie optimiste vers l'avenir. La résilience et la capacité d'adaptation de Citroën seront des atouts clés pour surmonter cette période et reconquérir pleinement la confiance du public et des observateurs.