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Citroën 2CV : de l'icône aux surprenantes Bijou et Burton


La Citroën Bijou

Lorsqu'en 1948, Citroën présenta la 2CV au Salon de Paris, l'objectif était clair : offrir une automobile simple, économique, polyvalente et facile à entretenir, capable de "transporter quatre personnes et cinquante kilogrammes de pommes de terre ou un tonnelet à la vitesse maximale de 60 km/h". Sa silhouette décalée, dictée par la fonction, et sa conception ingénieuse visaient avant tout l'utilité. Les ingénieurs de la marque aux chevrons, André Lefèbvre en tête, ne se doutaient probablement pas que leur création, voulue accessible et pragmatique, connaîtrait une carrière si longue et, surtout, inspirerait une multitude de dérivés qui métamorphoseraient radicalement, et parfois luxueusement, l'allure de la modeste berline. Découvrons ensemble deux des modèles les plus étonnants issus de transformations sur base de 2CV : la Citroën Bijou et la Burton.



Citroën Bijou : L'élégance discrète à l'anglaise sur une base de 2CV

Au Royaume-Uni, dans les années cinquante, la Citroën 2CV peinait à séduire une clientèle peut-être plus conservatrice et moins sensible à son charme anticonformiste jugé "trop français" voire "choquant". L'usine Citroën de Slough, en Angleterre, qui assemblait des modèles de la marque pour le marché local depuis 1926, chercha une solution pour adapter l'esprit de la 2CV aux goûts britanniques. C'est ainsi qu'est née la Citroën Bijou, présentée au London Motor Show en octobre 1959.

L'idée était audacieuse : conserver la base technique éprouvée de la 2CV (son châssis plateforme et son moteur bicylindre de 425 cm³ développant 12 ch SAE) mais l'habiller d'une carrosserie bien plus élégante et conventionnelle. Pour ce faire, Citroën Slough fit appel au designer Peter Kirwan-Taylor, déjà reconnu pour son travail sur la Lotus Elite, une autre voiture utilisant la fibre de verre. La Bijou se dota ainsi d'une carrosserie de type coupé deux portes, aux lignes plus fluides et à l'allure nettement plus cossue que la 2CV originelle. Fabriquée en résine de polyester renforcée de fibre de verre, cette nouvelle enveloppe conférait à la voiture une esthétique plus "premium", espérant séduire une clientèle à la recherche d'une petite voiture économique mais stylée. L'intérieur se voulait également plus soigné, empruntant certains éléments, comme le volant monobranche et les poignées de porte, à la prestigieuse DS, fleuron de la marque.

Malgré ces efforts et une aérodynamique améliorée qui lui permettait, en dépit d'un poids supérieur à celui de la 2CV (environ 70 kg de plus), d'atteindre une vitesse de pointe comparable, aux alentours de 72 km/h (45 mph), la Bijou ne rencontra pas le succès escompté. Son prix de vente, fixé à 695 livres sterling en 1961, était jugé élevé, la positionnant face à des concurrentes britanniques plus établies et souvent plus performantes. De plus, la production restait semi-artisanale. Entre 1959 et 1964, seuls 207 exemplaires (plus deux prototypes) sortirent des ateliers de Slough. Aujourd'hui, la Citroën Bijou est une véritable rareté, recherchée par les collectionneurs pour son histoire singulière et son charme désuet. On estime qu'une trentaine d'exemplaires seulement auraient survécu, témoignant d'une tentative intéressante mais commercialement infructueuse d'acclimater la 2CV au marché britannique.



Citroën Burton : la renaissance néerlandaise de la 2CV en roadster sportif

Bien des années plus tard, à l'aube du XXIe siècle, l'esprit d'innovation autour de la 2CV n'avait pas faibli. Aux Pays-Bas, la Burton Car Company, fondée par les frères Dimitri et Iwan Göbel, décida de donner une nouvelle vie à la "Deuche" en la transformant en un séduisant roadster d'inspiration classique. La Citroën Burton est née de cette passion, offrant une interprétation résolument sportive et ludique de l'icône française.

La philosophie de la Burton est de combiner le charme intemporel des roadsters anglais des années 30 à 50, avec des réminiscences de Jaguar ou de Morgan, et la simplicité mécanique, la fiabilité et la facilité d'entretien de la Citroën 2CV. La transformation s'opère sur la base d'un châssis de 2CV, souvent renforcé, et de son moteur bicylindre, qui peut être conservé d'origine ou optimisé pour plus de performances. La carrosserie d'origine est remplacée par un kit en polyester, léger et élégant, qui confère à la voiture une allure élancée et sportive avec son long capot, son arrière court et ses ailes galbées. Une attention particulière est portée aux détails, comme la calandre en aluminium et les ouvertures latérales pour le refroidissement des cylindres, qui ancrent son esthétique dans un registre classique et sportif.

Initialement proposée sous forme de kit à assembler soi-même, la Burton a rapidement gagné en popularité auprès des amateurs de 2CV et des passionnés de voitures de caractère. La société néerlandaise a produit environ 1200 unités, principalement diffusées en Europe. Récemment, une nouvelle ère s'est ouverte pour la Burton en France. En effet, le 2CV Méhari Club Cassis, institution reconnue par tous les amoureux des bicylindres Citroën et récemment acquéreur de la Burton Car Company, a œuvré pour l'homologation de ce roadster sur le territoire français. C'est désormais chose faite depuis début 2024, permettant aux passionnés français de commander et d'immatriculer une Burton en toute légalité.

Le 2CV Méhari Club Cassis ne se contente pas d'importer les kits ; il a mis en place un réseau d'installateurs agréés pour garantir la qualité des transformations. Le kit carrosserie complet est proposé aux alentours de 11 900 € TTC, auquel il faut ajouter le coût de la 2CV donneuse et les frais de montage par un professionnel (environ 40 heures de travail). Ce processus assure non seulement une finition irréprochable mais aussi l'obtention d'une nouvelle carte grise officialisant la transformation. La Burton conserve les éléments essentiels de la 2CV – moteur, châssis, boîte de vitesses, suspensions, roues, réservoir et système de freinage – tout en offrant une expérience de conduite et une esthétique radicalement différentes, cheveux au vent.



En conclusion, si les créateurs de la Citroën 2CV, Pierre-Jules Boulanger en tête, voyaient tous les dérivés que leur modeste mais géniale invention a engendrés, ils n'en reviendraient probablement pas. De la tentative d'embourgeoisement britannique avec la Bijou à la fougue néo-rétro du roadster Burton, la 2CV a prouvé son incroyable polyvalence. La simplicité de sa conception et la robustesse de sa mécanique ont toujours fait d'elle une base parfaite pour donner vie aux rêves et projets les plus fous. Ces Citroën Bijou et Burton, si profondément modifiées qu’on peut légitimement se demander si l'âme de la 2CV est encore visible sous leur nouvelle carrosserie, témoignent avec éclat de cette capacité unique à se réinventer, portant haut les couleurs d'une créativité sans cesse renouvelée autour d'une icône automobile.

2 commentaires

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jm.agnel
07 août
Noté 5 étoiles sur 5.

La Bijou est bien dessinée, car dessiner une voiture élégante dans un petit format, n'est pas simple. La Burton est originale: Elle peut sans doute revendiquer le titre du seul cabriolet du marché, capable de s'aventurer hors bitume! Mais je rejoins Citrofan: Notre 2 cv est est un concentré d'idées neuves sur 4 roues. En ce sens elle est inimitable et inspirante: ici, a preuve par deux! J'ajouterais la Lomax vraiment intéressante. Un de mes anciens voisins m'avait fait essayer la sienne. Quel plaisir de la conduire au ras de la route! Le bruit caractéristique du flat-twin, sa nervosité (relative, mais réelle) dans cette caisse légère, le bruissement de l'air, les visages souriants de ceux que vous croisiez, tout c…

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Citrofan
Citrofan
06 août

La deuche originale reste pour moi plus désirable le style anglais faut aimer moi je n’aime pas vraiment ! Quelle autre marque peut se vanter d’avoir des passionnés comme 2CV Méhari Club Cassis qui reassemble et refabrique des pieces pour des vehicules emblématique ou comme Caselani qui créé des kits pour donner un petit air d’anciennes aux contemporaines ?


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À propos de l’auteur
✍️ Je m’appelle Jérémy K., fondateur du site Passionnément Citroën.
Passionné d’automobile depuis toujours et de Citroën en particulier, je partage chaque jour l’actualité de la marque à travers des articles, essais, analyses et dossiers.
J’ai également créé le magazine Être Citroëniste et la chaîne YouTube Passionnément Citroën, pour faire vivre et transmettre cette passion sous toutes ses formes.
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