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Citroën 2CV : Citroën osera-t-il faire revivre son icône ?

Le cocnept Citroën oli

L'industrie automobile est actuellement en proie à une vague de nostalgie puissante. Les retours réussis des Renault 5 et Renault 4 ont prouvé que le passé pouvait être une source d'inspiration formidable et un levier commercial efficace. Dans ce contexte, tous les regards se tournent vers Citroën et son icône la plus populaire : la 2CV. Sous l'ère de Thierry Koskas, de nombreuses discussions, notamment avec la presse anglaise, ont alimenté les espoirs des passionnés. Aujourd'hui, alors que Xavier Chardon a pris les rênes de la marque, la question demeure entière. Un retour de la mythique "Deuche" est-il envisageable et, si oui, sous quelle forme ? Les défis sont immenses, à la hauteur de la légende.

Un héritage immense, une décision complexe

Citroën possède sans conteste l'un des patrimoines les plus riches et les plus audacieux de l'histoire automobile. De la Traction Avant à la DS, en passant par la SM ou la CX, la marque aux chevrons a jalonné son histoire de modèles révolutionnaires. Mais parmi eux, la 2CV occupe une place à part, profondément ancrée dans l'imaginaire collectif et dans le cœur de millions d'automobilistes. Son concept de base, "quatre roues sous un parapluie", était un chef-d'œuvre de simplicité et d'ingéniosité. C'est précisément cette simplicité qui rend sa renaissance si complexe. Faut-il rester fidèle au concept initial d'une voiture ultra-essentielle ou simplement s'en inspirer à travers quelques gimmicks esthétiques, comme l'a fait Renault avec succès ?

Thierry Koskas, alors directeur général de Citroën, confiait : « Nous avons un héritage très fort, l'un des plus riches de l'industrie automobile. [...] L'un des atouts majeurs des marques européennes réside dans leur héritage. » Conscient de la force de la 2CV, il reconnaissait que sa philosophie pouvait nourrir la marque. L'idée d'« quelque chose d'ultra simple qui vous emmène d'un point A à un point B, avec l'espace nécessaire », est, selon lui, « vraiment l'ADN de la marque. » Cependant, passer de la philosophie au design est un pas de géant. « Il y a eu des succès et des échecs dans les renaissances [automobiles], expliquait-il. Certains échouent parce que les entreprises ne positionnent pas correctement la voiture [...]. Donc, si nous devions le faire, nous devions être très prudents et vigilants dans notre façon de procéder. » Le débat est donc intense au siège de Citroën.

Le concept Citroën Revolte

Le défi stylistique d'une icône intemporelle

Recréer la 2CV pose des défis de design bien plus ardus que pour la Renault 5. La silhouette de cette dernière, lancée en 1972, reste pertinente aujourd'hui. Celle de la 2CV, conçue avant la Seconde Guerre mondiale, est un cas d'école. Comment transposer ses éléments si caractéristiques aux normes et aux attentes du 21e siècle ? Pierre Leclercq, le directeur du design de Citroën, est au cœur de cette réflexion. Les ailes avant si distinctives, le capot bombé dessiné pour accueillir un petit moteur bicylindre à plat, tout cela n'a plus de sens technique sur une plateforme électrique moderne. Comment intégrer les normes de sécurité et les optiques contemporaines sans dénaturer la face avant ?

Un autre défi majeur réside dans la posture de la voiture. Les roues fines et les voies étroites des voitures anciennes sont à l'opposé des standards actuels. Pierre Leclercq souligne que les designers placent aujourd'hui les roues le plus à l'extérieur possible « car cela donne une bonne tenue de route ». Recréer les fameuses roues arrière carénées de la 2CV ou de la CX nécessiterait des artifices, comme « fabriquer une pièce en plastique avec un décalage d'environ 50 mm », concède-t-il. En 2009, Citroën avait déjà tenté un hommage à la 2CV avec le concept-car Revolte. Si l'inspiration était claire, le résultat était un objet de luxe, très éloigné de l'esprit minimaliste et populaire de son aînée, prouvant la difficulté de l'exercice.


Réinterpréter le style ou la philosophie : la piste du concept Oli ?

La question fondamentale qui se pose aux équipes de Citroën est donc la suivante : faut-il réinterpréter le style de la 2CV au risque de le pasticher, ou faut-il plutôt s'inspirer de sa philosophie pour créer une voiture entièrement nouvelle ? C'est un exercice que Pierre Leclercq juge « très difficile ». Face à cette complexité, la seconde option semble gagner en crédibilité. Plutôt que de faire du "néo-rétro", Citroën pourrait choisir de concevoir la 2CV du 21e siècle : une voiture simple, légère, abordable, ingénieuse et durable.

De cette interrogation pourrait alors émerger une suite spirituelle à la 2CV. Cette suite ne serait-elle pas déjà sous nos yeux ? Présenté en 2022, le concept-car Oli semble en être la parfaite illustration. Il n'a rien du style de la 2CV, mais il en reprend toute la philosophie : réduction du poids, utilisation de matériaux recyclés et recyclables, simplicité astucieuse et recherche de l'efficience maximale. Thierry Koskas avait d'ailleurs précisé que les futurs concepts de la marque viseraient à présenter « des idées, des indices, des intentions, des orientations qui inspireront les voitures de demain », ajoutant qu'on ne verrait « probablement jamais une Citroën comme celle-ci sur la route ». Oli serait donc un manifeste, une direction, et non une promesse. Une direction qui correspond parfaitement à ce que serait une 2CV pensée pour notre époque.

Citroën est certainement le constructeur généraliste qui bénéficie de l'héritage le plus fort et le plus singulier, avec plusieurs mythes automobiles à son actif. Dans une époque marquée par la nostalgie, le retour de la 2CV apparaît comme une évidence commerciale et une attente forte du public. Toutefois, la complexité d'une telle renaissance est immense. La marque aux chevrons est face à un choix cornélien : doit-elle opter pour une reproduction modernisée, qui séduirait par son esthétique familière mais s'éloignerait du concept originel ? Ou doit-elle au contraire adapter le concept de simplicité et d'ingéniosité à notre époque, au risque de décevoir ceux qui attendent une copie conforme ? C'est une décision stratégique et délicate que le nouveau dirigeant, Xavier Chardon, devra trancher. L'avenir nous dira si Citroën osera, et comment.

12 commentaires

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Masterboy
12 juin

Citroën aurait dû sortir la Révolte, la ligne de la 2CV magnifiée en citadine premium. C’était possible il y a 15 ans, plus maintenant (l’audace est passée chez Renault). Aujourd’hui, la marque est dans une mauvaise passe, dernière roue d’un attelage chancelant. Il ne vaut mieux pas que les dirigeants actuels essaient de faire une nouvelle 2CV : le désigner en chef actuel ne sait dessiner que des briques et elle finirait clonée chez Fiat et Opel …

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del42sa
12 juin
ree

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Noté 5 étoiles sur 5.

Je suis plutôt contre le néo rétro, et plutôt favorable à une ligne originale et unique, dont la philosophie s'inspire de la 2 CV...... Mais juste la philosophie uniquement ! La R4 et la R5 ont du succès, d'accord.... Mais comment remplacer un néo rétro ? Par un nouveau néo rétro ?..... c'est le risque de s'enfermer dans un style..... Et lasser à la longue. L'ADN de Citroën, c'est de surprendre et se ré inventer !

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Jules
Jules
11 juin

Comme d’habitude, Citroën réagit tardivement. La c3 est déjà simpliste donc je ne vois pas l’intérêt de faire une voiture dans le même esprit, alors que le style de la 2cv, à l’image d’une révolte, serait juste incroyable. Apres je ne vois pas ce qui a gêné mini, Fiat, Volkswagen, alpine ou même Renault dans leur revival. Petite roue, petit format a l’époque et regardez aujourd’hui la taille , le poid, les roues de ces autos.

Les clients veulent le style de la 2cv, il faut voir le capital sympathie que dégage le passage d’une 2cv.

Par contre je voudrai aussi le retour de la méhari, à l’image du concept cactus M ou pluriel. quand au revival CX, pour moi…


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La Deuche est unique : pas si sûr que les amoureux de cette voiture mythique soient heureux de voir apparaître un "truc" bobo à la sauce Renault 4, finalement très éloigné de l'esprit "Quatrelle"... OLI me semble une meilleure piste : une sorte d'AMI un peu plus polyvalente : 4 places, 90 km/h, beaucoup de style, et surtout RÉELLEMENT accessible au plus grand nombre... Bref, une sorte de e-C3 encore plus stylée, encore plus simple et plus abordable...

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À propos de l’auteur
✍️ Je m’appelle Jérémy K., fondateur du site Passionnément Citroën.
Passionné d’automobile depuis toujours et de Citroën en particulier, je partage chaque jour l’actualité de la marque à travers des articles, essais, analyses et dossiers.
J’ai également créé le magazine Être Citroëniste et la chaîne YouTube Passionnément Citroën, pour faire vivre et transmettre cette passion sous toutes ses formes.
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