Bilan 11 mois 2025 : Une année à deux vitesses pour Citroën en Europe

À quelques jours de la clôture de l’exercice 2025, l'heure est aux premiers bilans. Si les chiffres définitifs et globaux du marché automobile européen pour le mois de novembre ne sont pas encore officiellement consolidés par l'ACEA, les données disponibles nous permettent d'ores et déjà de dessiner une tendance claire. Je vous invite aujourd'hui à faire un bilan de ces 11 premiers mois pour Citroën qui, vous le verrez à la lecture de cette analyse, fait apparaître une année scindée en deux, révélant deux semestres aux dynamiques radicalement opposées.

Un redressement notable face à un marché complexe

Pour comprendre la dynamique actuelle, il est impératif de regarder dans le rétroviseur et d'analyser la performance cumulée à la fin octobre 2025. Sur les dix premiers mois de l'année, le marché de l'Union Européenne affiche une légère croissance de +1,4%, totalisant 8 974 026 unités vendues. Dans ce contexte, Citroën affiche un recul de -1,7%, avec 276 641 unités écoulées, maintenant sa part de marché à 3%.

Si ce chiffre peut sembler négatif de prime abord, il témoigne en réalité d'une résilience bien supérieure à celle des autres acteurs majeurs du groupe. En effet, sur la même période, Peugeot recule de -2% et l'entité Stellantis dans son ensemble dévisse de -6%. Mais c'est en comparant ces données avec la situation à mi-année que le redressement devient flagrant. Souvenons-nous : en juin 2025, la marque aux chevrons accusait une perte sévère de -13%, alors que le marché reculait de -1,9%. À ce moment-là, Peugeot parvenait encore à gagner 1,1%. La tendance s'est donc totalement inversée au second semestre.

L'analyse des chiffres du mois de novembre sur les principaux pays européens (représentant environ 80% du volume global) confirme cette accélération. Alors que ces marchés majeurs progressent de +1,41%, Citroën surperforme largement avec une hausse de +6,02%. À titre de comparaison, la marque au Lion subit un revers important avec une chute de -17,46%. Ces données illustrent un regain de forme sur les territoires historiques, mais comme nous allons le voir, les performances de Citroën dans les marchés à plus faible volume pourraient bien changer la donne et amplifier cette réussite.

L'Europe de l'Est et du Nord : nouveaux moteurs de croissance

Si la marque se consolide sur ses bases historiques avec cette hausse de 6% — une performance près de cinq fois supérieure à la moyenne du marché sur les principaux pays — l'analyse fine des données de novembre 2025 révèle des surperformances impressionnantes dans le reste de l'Europe. C’est ici que la stratégie de déploiement de la nouvelle gamme semble porter ses fruits avec le plus de vigueur.

Les marchés dits "secondaires" en termes de volume affichent des taux de croissance à deux, voire trois chiffres, propulsant les statistiques globales de la marque vers le haut. Les pays nordiques et de l'Europe de l'Est plébiscitent massivement les nouvelles offres de Citroën. Les chiffres sont éloquents :

• En Norvège, la marque bondit de +58,2%.

• La Slovénie et la Suisse affichent des hausses respectives de +75,5% et +74,5%.

• En Autriche, la progression est solide à +61,4%.

• Aux Pays-Bas, marché très concurrentiel, Citroën progresse de +37%.

Mais les performances les plus spectaculaires nous viennent du Danemark et de la Roumanie. Le marché danois enregistre une explosion des immatriculations avec +313,6%, tandis que la Roumanie n'est pas en reste avec +265,4%. La Tchéquie (+64,9%) et la Bulgarie (+72,2%) confirment cet engouement continental.

Ces résultats exceptionnels ne sont pas anecdotiques. Ils témoignent d'une adéquation retrouvée entre l'offre produit — positionnée sur l'accessibilité et le confort — et la demande des consommateurs européens frappés par l'inflation. Cette dynamique dans les pays périphériques devrait logiquement permettre à Citroën d'afficher, lors de la consolidation finale de novembre, une hausse globale supérieure à celle observée sur la seule analyse des marchés principaux.

Vers une année 2025 finalement positive ?

En conclusion, il est indéniable que la marque a connu une année 2025 particulièrement agitée. Le premier semestre, marqué par un fort recul, laissait craindre une année noire. Pourtant, la bascule opérée dès le mois de juillet se confirme mois après mois. Citroën termine l'année sur une note stable, voire légèrement positive, ce qui constitue une véritable prouesse au regard du retard accumulé en début d'exercice.

Ce retournement de situation est le signe tangible que la gamme, dorénavant remaniée totalement et disponible à la commande, permet à la marque de reprendre du poil de la bête. L'arrivée des nouveautés en concession a clairement réamorcé la pompe commerciale. De plus, les perspectives pour le début 2026 sont encourageantes. Les récentes annonces concernant l'usine de Kragujevac sont rassurantes : l'augmentation des cadences permettra de livrer plus rapidement la nouvelle C3 et donc de concrétiser les portefeuilles de commandes en chiffres de ventes immatriculés. Citroën semble avoir passé l'orage et navigue désormais vers des eaux plus clémentes.