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[Une marque d'aventures] Les Croisières Citroën : une légende en mouvement.

Les Croisières Citroën

Indéniablement, André Citroën n'était pas seulement un industriel visionnaire, il était aussi un maître de la communication. Après l'immense succès médiatique et technique de la Croisière Noire, qui a vu ses autochenilles traverser le continent africain d'octobre 1924 à juin 1925, il était clair que l'aventure ne faisait que commencer. Cette première expédition avait prouvé au monde entier la robustesse et la fiabilité des véhicules Citroën, capables de surmonter les terrains les plus hostiles. Fort de ce triomphe, André Citroën a rapidement cherché à repousser de nouvelles frontières, donnant naissance à deux autres grandes expéditions : l'une qui marquerait l'histoire par son ampleur, et l'autre, plus confidentielle et au destin contrasté, qui reste aujourd'hui largement méconnue du grand public.

La Croisière Jaune, sur la Route de la Soie

Dans la continuité de la conquête africaine, Citroën se tourne vers un défi encore plus colossal : l'Asie. La Croisière Jaune, lancée en avril 1931, avait pour ambition de relier Beyrouth à Pékin, en suivant les traces de Marco Polo à travers le continent asiatique. Cette mission, bien plus qu'un simple raid automobile, était une véritable expédition scientifique, géographique et humaine. Pour mener à bien ce périple de plus de 12 000 kilomètres, deux groupes furent formés. Le premier, baptisé "Pamir" et dirigé par Georges-Félix Haardt et Louis Audouin-Dubreuil, les héros de la Croisière Noire, s'élança de Beyrouth avec des autochenilles Citroën C6F. Le second, nommé "Chine", partit de Tianjin avec des C4F, avec pour mission de venir à leur rencontre.

L'aventure fut émaillée de défis herculéens. La traversée de l'Himalaya, avec des cols culminant à plus de 4 000 mètres d'altitude, a poussé les hommes et les machines à leurs limites absolues, obligeant les équipages à démonter puis remonter les véhicules pour franchir les passages les plus escarpés. S'ajoutèrent à cela des tensions géopolitiques en Chine, qui contraignirent l'expédition à modifier son itinéraire. Malgré ces obstacles, la jonction des deux groupes et l'arrivée à Pékin le 12 février 1932 furent célébrées comme un exploit monumental. La mission était un succès, démontrant une fois de plus la supériorité technique des autochenilles Kégresse. L'épopée fut cependant endeuillée par la mort de son chef, Georges-Félix Haardt, qui succomba à une pneumonie sur le chemin du retour, ajoutant une dimension tragique à cette aventure historique.

La Croisière Blanche, l’aventure méconnue du Grand Nord

Si la Croisière Jaune a bénéficié d'une large couverture médiatique, la Croisière Blanche reste l'expédition la plus confidentielle de Citroën. Organisée en 1934, elle visait cette fois le continent nord-américain, avec pour objectif la traversée des Rocheuses canadiennes jusqu'en Alaska. L'idée était de tester la résistance des nouvelles autochenilles P17 dans des conditions de froid extrême et de promouvoir la marque sur ce nouveau marché. L'expédition était dirigée par Charles Bedaux, un riche industriel franco-américain, dont la personnalité autoritaire et les méthodes de gestion allaient complexifier l'aventure. Le convoi, parti d'Edmonton en juillet 1934, s'est rapidement heurté à une nature sauvage et imprévisible. Les tourbières, les forêts denses et les rivières en crue ont rendu la progression extrêmement lente et difficile.

Contrairement aux expéditions précédentes, la Croisière Blanche a souffert d'une mauvaise publicité. Des conflits éclatèrent entre Bedaux et les membres de l'équipe, ainsi qu'avec les journalistes qui couvraient l'événement. Face à des obstacles naturels jugés insurmontables et à une opinion publique de plus en plus sceptique, l'expédition fut finalement abandonnée avant d'atteindre son but. Les véhicules, trop difficiles à rapatrier, furent laissés sur place, où certains de leurs vestiges sont encore visibles aujourd'hui. Bien qu'elle soit souvent perçue comme un échec, cette aventure a permis de collecter de précieuses données techniques sur le comportement des véhicules en milieu hostile. Elle demeure le témoignage d'une ambition qui, cette fois, s'est heurtée aux limites du possible.


Un héritage d’audace qui inspire encore aujourd’hui

L'esprit pionnier des Croisières Citroën n'a pas disparu avec la fin des années 1930. Près d'un siècle plus tard, cet héritage continue d'inspirer les aventuriers modernes et la marque elle-même. Pour célébrer le centenaire de la première traversée du Sahara, l'explorateur Eric Vigouroux s'est lancé dans un défi à la fois familier et résolument moderne : traverser le continent africain, non pas en autochenille, mais au volant d'une Citroën Ami. Cette micro-citadine 100 % électrique, conçue pour les déplacements urbains, a prouvé qu'elle pouvait, elle aussi, affronter les pistes et les longues distances en étant fortement modifiée. Ce raid, fort justement intitulé la Croisière Verte, a démontré que l'esprit d'aventure et d'innovation de Citroën est plus vivant que jamais, s'adaptant aux défis contemporains de la mobilité durable. Il a prouvé que la robustesse et la fiabilité, valeurs chères à André Citroën, pouvaient désormais s'incarner dans un véhicule électrique accessible à tous, repoussant une fois de plus les idées reçues.

En conclusion, les grandes expéditions Citroën ont été bien plus que de simples opérations de communication. En comptant la première traversée du Sahara qui a précédé la Croisière Noire, ce sont en tout quatre raids majeurs qui ont été menés, résultant en trois succès retentissants et un échec relatif mais instructif. Ces aventures ont indéniablement permis à Citroën de bâtir sa légende, en prouvant au monde entier la fiabilité de ses automobiles dans les conditions les plus extrêmes. Elles ont incarné une vision humaniste, celle de connecter les peuples et de rendre le monde plus accessible. Plus important encore, elles ont forgé l'ADN d'une marque qui, aujourd'hui encore, n'a de cesse de se réinventer, de bousculer les codes et de démontrer que l'innovation et l'audace sont les moteurs les plus puissants pour façonner l'avenir de l'automobile.

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