Stellantis étudie l'implantation d'une usine en Arabie Saoudite

Si Stellantis dispose aujourd'hui de deux piliers historiques solides avec l'Europe et l'Amérique du Nord, le groupe dirigé ne cache pas ses ambitions de diversifier ses appuis géographiques. Face à des marchés matures, l'entreprise cherche activement à consolider un « troisième moteur » de croissance. Ce pôle stratégique, constitué notamment de l'Amérique du Sud, s'appuie de plus en plus sur le dynamisme de la région Afrique et Moyen-Orient, où les ventes enregistrent une progression constante. Pour accélérer cette dynamique, le groupe étudie désormais la possibilité d'implanter une nouvelle structure industrielle de premier plan au cœur du Moyen-Orient.

Un protocole d'accord historique signé à Washington

C’est une étape décisive qui vient d’être franchie pour l’avenir industriel de Stellantis dans la péninsule arabique. À l’occasion du Forum d’investissement américano-saoudien, qui s'est tenu le 19 novembre 2025 au prestigieux John F. Kennedy Center de Washington DC, un protocole d’accord quadripartite (MoU) a été officiellement signé. Ce document lie désormais Stellantis à trois acteurs majeurs du développement saoudien : le ministère de l’Investissement d’Arabie saoudite (MISA), le Centre national de développement industriel (NIDC) et Petromin Corporation.

L'objectif de cette signature est clair et ambitieux : évaluer la faisabilité de la création d'une usine de fabrication de véhicules au sein du Royaume d’Arabie saoudite. Cette initiative conjointe vise à localiser la production de véhicules utilitaires et de tourisme, en s'appuyant spécifiquement sur le portefeuille de marques américaines de Stellantis. Ce choix n'est pas anodin et répond à une demande locale forte pour ces types de carrosseries et de motorisations.

Pour le Royaume, cette signature renforce l'engagement envers la Vision 2030, un plan national visant à diversifier l'économie et à faire du pays un pôle régional de fabrication de pointe. Le projet ambitionne d'accroître significativement le taux de production locale, contribuant ainsi à la pérennité de l'industrie automobile saoudienne. Les rôles sont clairement répartis : le MISA et le NIDC apporteront le cadre réglementaire et le soutien au développement de la chaîne de valeur industrielle, tandis que Petromin, leader des solutions de mobilité dans le Royaume, apportera son expertise opérationnelle et sa connaissance du marché. Stellantis, quant à lui, pilotera l'aspect industriel, avec un accent mis sur l'électrification et l'autosuffisance régionale.

L'Afrique et le Moyen-Orient : Une offensive industrielle cohérente

Cette annonce ne constitue pas un acte isolé, mais s'inscrit dans une stratégie globale de maillage industriel de la région Afrique et Moyen-Orient (MEA). Stellantis y déploie méthodiquement ses pions pour capter la croissance là où elle se trouve. Nous observons déjà cette montée en puissance en Algérie, où la marque Fiat connaît un développement fulgurant grâce à une production locale adaptée.

Le modèle marocain constitue également une vitrine de cette réussite industrielle. L'usine de Kénitra est devenue un poumon essentiel pour le groupe, assemblant avec succès la Peugeot 208 mais aussi les Citroën Ami, la Fiat Topolino et l'Opel Rocks-e. Plus récemment, c'est en Égypte que le groupe a renforcé sa présence avec l'ouverture d'une unité d'assemblage pour la Citroën C4 X, réalisée à partir de kits expédiés depuis l'usine de Madrid.

Si elle se concrétise, cette future usine saoudienne constituerait une nouvelle pierre angulaire de l'implantation de Stellantis dans cette zone stratégique. Elle permettrait de couvrir plus efficacement la péninsule arabique avec des produits adaptés aux spécificités locales, réduisant ainsi les coûts logistiques et les délais de livraison.

À ce sujet, Samir Cherfan, directeur des opérations de Stellantis Moyen-Orient et Afrique, a souligné l'importance de cet accord : « Ce protocole d’accord constitue une étape stratégique vers la construction d’une industrie automobile tournée vers l’avenir dans la région MENA. Stellantis s’engage à investir dans les compétences locales et à offrir une liberté de choix à ses clients, tout en soutenant les ambitions industrielles et le fort potentiel de croissance de la région. »

Vers un rééquilibrage des forces mondiales

En conclusion, la signature de cet accord en Arabie Saoudite illustre la lucidité stratégique du groupe face aux mutations du marché automobile mondial. L’Europe et l’Amérique du Nord sont dorénavant des marchés de renouvellement, où la croissance structurelle reste faible et où les volumes peinent parfois à retrouver leurs niveaux d'avant la crise sanitaire.

L’Afrique et le Moyen-Orient, aux côtés de l’Inde et de l’Amérique Latine, s'affirment donc comme les porteurs légitimes de ce troisième moteur indispensable à la performance globale de Stellantis. Ce projet d’usine, en s'associant à des partenaires locaux puissants comme Petromin et en bénéficiant du soutien étatique saoudien, permettrait au constructeur non seulement de sécuriser ses parts de marché, mais aussi de s'implanter durablement au cœur d'un écosystème automobile compétitif et durable. Pour Stellantis, l'avenir se construit résolument au-delà de ses frontières historiques.