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Pour Carlos Tavares, sommes-nous sûr de ce que nous faisons sur l'électrique ?



Il y a quelques mois, le PDG de PSA avait qualifié de "folie" l’inflexion imposée par les pouvoirs publics vers le tout électrique. Alors que le groupe qu’il dirige prépare le lancement de l’électrification de l’ensemble de sa gamme, Carlos Tavares continue de tirer la sonnette d’alarme.

Un rien schizophrène, Carlos Tavares prépare le groupe qu’il dirige à proposer à partir de 2019 des versions électrifiées avec d’ici 2025 pour chaque véhicule soit une offre hybride rechargeable, soit une offre électrique. Et en même temps, il ne cesse d'alerter sur les problèmes potentiels que pose le développement des véhicules électriques. Ainsi PSA a déjà annoncé son intention d’intégrer verticalement l’ensemble des technologies véhicules électriques (moteurs à partir de 2022 en partenariat avec Nidec, packs batterie, gestion de puissance de la chaine de traction). "La seule chose que nous ne ferons pas ce sont les cellules de batterie. C'est un domaine de chimiste pur qui ne fait pas partie de nos compétences", a rappelé Carlos Tavares. "Nous sommes en train de faire cette mutation. Elle est très profonde mais elle ne nous fait pas peur parce que nous sommes une entreprise agile et nous avons compris que seule la performance nous protège." Le dirigeant a rappelé que toutes ces décisions d'investissement avaient été prises en 2014.

"Qui est en train d'assembler le puzzle ?"

Pour autant, il continue de considérer que cette inflexion est dangereuse et qu’elle n’est pas réfléchie. Ainsi, d’un salon automobile à l’autre, à l’occasion de discussions avec des journalistes, il exprime son inquiétude sur la direction imposée par les pouvoirs publics. En septembre 2017, lors du salon de Francfort, le PDG de PSA nous avait dit qu’imposer la technologie du véhicule électrique était "une folie". En mars 2018, au salon de Genève, il maintient que cet emballement n’est pas maîtrisé. "Est-ce que nous sommes sûrs de ce que nous faisons ?", s’interroge-t-il.

Alors que les réglementations en préparation pour les limitations des émissions de CO2 des véhicules sont des obligations implicites de commercialiser un volume important de véhicules électriques, le PDG de PSA met en garde sur les problèmes encore non résolus ("les zones d’ombres") que posent fabrication et usage des véhicules électriques d’un point de vue sociétal. 

"Est-ce que nous avons regardé l’approche 360° ? Est-ce que l’on ne va pas se retrouver dans 10 ans à se dire que l’on a loupé quelque chose de fondamental ?", lance-t-il. Il estime que la Commission européenne devrait mener une réflexion sur l'ensemble de la chaîne pour avoir une vue d'ensemble des conséquences de ce développement. Il faudrait, dit-il "une approche 360° avec la dimension énergétique, la dimension matières premières rares, la dimension empreinte carbone fabrication des batteries et recyclage des batteries.  Il y a de multiples questions qu’il faut se poser d’ordre technologique, d’ordre responsabilité juridique, d’ordre géopolitique. Pour toutes ces questions-là, je me demande qui aujourd’hui est en train d’assembler ce puzzle ? Il est important que quelqu’un le fasse", a dit Carlos Tavares.

Il soulève également la question de la responsabilité qui selon lui revient aux Etats puisque ce sont eux qui pressent les constructeurs d'aller dans cette voie. "Dans le monde où nous vivons la question de la responsabilité est importante. La responsabilité scientifique n’est pas du côté des constructeurs automobiles, elle est du côté des Etats qui nous disent que c’est l’électrique qu’il faut faire."

Quelle sera la réalité commerciale?

Carlos Tavares met également en avant l'écart entre les objectifs et la réalité commerciale, écart qu’il a pu toucher du doigt du temps où il était DGA de Renault au moment du lancement de la Zoé. Actuellement sous perfusion, les ventes de véhicules électriques devront à l'avenir se faire naturellement : "les sociétés dans lesquelles nous opérons ne vont pas pouvoir payer des subsides à l’achat de véhicules pendant très longtemps et certainement pas lorsque le mix va augmenter", a dit Carlos Tavares.

Pour convaincre les clients d’acheter des véhicules électriques, outre la question du prix, il faudra aussi s’assurer que l’infrastructure de recharge nécessaire est bien en place et, selon le dirigeant de PSA, cette question relève de la responsabilité des pouvoirs publics. "Nous ne pouvons pas forcer les clients à acheter des véhicules qu’ils n’auraient pas envie d’acheter. Si le client a le sentiment qu’il va avoir des entraves à sa liberté de mouvement parce qu’il ne peut pas accéder à une borne de rechargement aisément on aura un problème. Là il y a une deuxième responsabilité qui vient après la responsabilité scientifique et qui porte sur la densité minimale du réseau de chargement qui met les clients à l’aise", a dit Carlos Tavares.

Actuel président de l’Association européenne des constructeurs automobile (ACEA), Carlos Tavares a annoncé qu’il présenterait au board de l’association un projet définissant "les niveaux de densité minimale de réseau de chargement qu’il faudrait avoir pour que le mix des véhicules électriques puisse être atteint par des ventes naturelles"

Cette question de l’infrastructure de recharge est récurrente et a déjà fait l’objet de nombreux rapports, la Commission européenne y a même consacré une directive. "Ce qu’il faut faire maintenant c’est arrêter d’en parler et faire en sorte que des investissements structurels soient faits", a dit Carlos Tavares.

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