[Les publicités Citroën] Quand la Citroën Visa atterrit sur un porte-avions
- Jérémy
- il y a 8 heures
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Si Citroën s'est illustrée dès ses débuts par des campagnes publicitaires audacieuses, sous l'impulsion de son fondateur André Citroën, comme en témoigne la récente célébration des 100 ans de l'illumination de la Tour Eiffel, son image de constructeur innovant s'est également forgée à travers des spots devenus cultes. Les années 1980, en particulier, ont été le théâtre d'une créativité publicitaire débridée qui a profondément marqué les esprits. Pour inaugurer notre nouvelle rubrique "Les publicités Citroën", je vous propose de revenir sur l'un des exemples les plus spectaculaires de cette époque : la fameuse publicité de la Citroën Visa sur un porte-avions.
La genèse d'un chef-d'œuvre publicitaire
Au milieu des années 80, Citroën cherche à dynamiser l'image de sa Visa, une citadine polyvalente mais dont les ventes peinent à décoller face à une concurrence féroce. La marque fait alors appel à l'un des plus grands noms de la publicité française, Jacques Séguéla, et son agence RSCG. Connu pour ses slogans chocs et ses idées audacieuses, Séguéla a pour mission de transformer la perception de la Visa, et plus particulièrement de sa version sportive, la GTI. L'objectif est clair : démontrer de manière spectaculaire la puissance, la fiabilité et la qualité de fabrication de la petite Citroën. C'est de cette ambition que naît une idée folle : faire décoller, ou plutôt atterrir, une Visa sur un porte-avions en pleine mer.
Le film publicitaire, réalisé par Jean-Paul Goude, est une véritable prouesse technique et narrative. La scène se déroule sur le pont d'envol du porte-avions Clémenceau, véritable fleuron de la Marine Nationale. Une Citroën Visa GTI rouge vif est catapultée à plus de 100 km/h, s'envole brièvement avant d'amerrir en douceur sur le pont d'un sous-marin nucléaire qui fait surface à ce moment précis. La voiture est ensuite hélitreuillée et déposée sur le pont du porte-avions, où elle repart de plus belle. La séquence, rythmée par une musique épique, se conclut par le slogan inoubliable : "Elle a tout d'une grande". Le message est puissant : la Visa n'est pas une simple citadine, c'est une voiture capable des exploits les plus incroyables, construite avec la même rigueur et la même précision qu'un avion de chasse. Pour ceux qui ne l'auraient jamais vue ou souhaiteraient la redécouvrir, cette publicité reste un monument de la culture populaire.
Un impact mémorable et des coulisses surprenantes
L'impact de cette campagne publicitaire fut colossal et immédiat. Diffusée sur les écrans français en 1985, elle a instantanément captivé le public, générant un bouche-à-oreille sans précédent. Plus qu'une simple publicité, elle est devenue un véritable phénomène de société. L'audace du scénario, la qualité de la réalisation et la puissance symbolique de l'association entre la petite voiture populaire et l'univers prestigieux de l'aéronavale ont durablement marqué les esprits. La publicité a non seulement relancé les ventes de la Visa, mais elle a surtout redéfini l'image de Citroën. La marque, parfois perçue comme vieillissante, redevenait synonyme d'audace, de modernité et de fiabilité.
Les coulisses du tournage sont tout aussi fascinantes que le résultat final. Obtenir l'autorisation de tourner sur le porte-avions Clémenceau et de faire intervenir un sous-marin n'a pas été une mince affaire pour Jacques Séguéla. Il a fallu des mois de négociations avec l'État-major de la Marine et même l'intervention du Président de la République de l'époque, François Mitterrand, pour qui Séguéla avait géré la communication. Le tournage, réalisé au large de Toulon, a mobilisé des moyens considérables. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les effets spéciaux étaient limités pour l'époque. La voiture a réellement été larguée d'une grue pour la scène de l'amerrissage, et les plans sur le porte-avions ont été réalisés avec une précision millimétrée. Cette authenticité a largement contribué à la force du message. Aujourd'hui encore, cette publicité est régulièrement citée parmi les meilleures de tous les temps et reste gravée dans la mémoire collective comme le symbole d'une époque où la publicité automobile osait tout.
André Citroën avait placé la barre très haut en s'offrant la Tour Eiffel comme panneau publicitaire. Autres temps, autres mœurs, mais l'audace est restée une valeur cardinale de la marque. Les années 80, sous la houlette de Jacques Séguéla, pour qui Citroën est une véritable passion, ont offert à la marque certaines de ses plus grandes heures publicitaires. La campagne de la Visa sur le porte-avions en est l'exemple le plus éclatant, un coup de maître qui a su allier spectacle, émotion et efficacité commerciale. J'espère que ce premier article de cette nouvelle rubrique vous a plu et a ravivé quelques souvenirs et vous donne rendez-vous prochainement pour décrypter une autre publicité révolutionnaire qui a contribué à forger la légende Citroën.