[Les Citroën Présidentielles] La Citroën DS Présidentielle : icône de l'histoire de France avec De Gaulle
- Jérémy
- 2 août
- 4 min de lecture

L'histoire d'amour entre Citroën et la Présidence de la République française est une romance qui défie le temps, tissée de moments historiques, d'innovations audacieuses et de figures emblématiques. Au cœur de cette saga, la Citroën DS occupe une place de choix, indissociable de l'image du Général de Gaulle et d'une certaine vision du prestige français. Plus qu'un simple moyen de transport, la DS présidentielle est devenue un symbole roulant de la nation, témoin privilégié des soubresauts et des grandeurs de l'histoire de France. C'est un récit où la mécanique rencontre le destin, où l'ingéniosité française s'est mise au service de la plus haute fonction de l'État, laissant une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
La DS et l'attentat du Petit Clamart : une survivante présidentielle au destin hors du commun
Le 22 août 1962 reste une date gravée dans l'histoire de France, non seulement pour la tentative d'assassinat contre le Général de Gaulle, mais aussi pour le rôle héroïque joué par sa Citroën DS 19. Ce jour-là, alors que le convoi présidentiel traverse Le Petit-Clamart, près de Paris, il est pris pour cible par un commando de l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète). Près de cent cinquante balles sont tirées, criblant la carrosserie de la berline noire et crevant deux de ses pneus. Dans une situation aussi critique, où la plupart des véhicules auraient été immobilisés ou seraient devenus incontrôlables, la DS 19 a démontré ses capacités techniques exceptionnelles.
C'est ici que la légendaire suspension hydropneumatique de Citroën entre en scène. Conçue pour offrir un confort inégalé, elle a permis à la voiture, malgré ses pneus endommagés, de conserver une assiette relativement stable et, surtout, de rester manœuvrable. Le chauffeur du Général, avec un sang-froid remarquable, a pu maintenir le contrôle du véhicule et l'extraire de cette embuscade mortelle, roulant sur seulement trois roues fonctionnelles sur une distance considérable. Le Général de Gaulle et son épouse, Yvonne, en sortirent indemnes. Cet événement a propulsé la DS au rang de mythe. Elle n'était plus seulement une voiture avant-gardiste par son design et sa technologie ; elle était devenue la voiture qui avait sauvé la vie du Président, un symbole de résilience, de sécurité et du génie français. Cette publicité involontaire, mais ô combien éloquente, a solidifié l'image de la DS comme une voiture d'exception, fiable même dans les conditions les plus extrêmes.
La DS Chapron Présidentielle : une icône sur mesure pour la République et l'inauguration "1 PR 75"
L'attentat du Petit Clamart a naturellement conduit à une réflexion sur la sécurité du Chef de l'État. Si l'idée d'un véhicule blindé a été évoquée, le Général de Gaulle, soucieux de maintenir un lien direct avec le peuple français, préférait des voitures qui ne créaient pas une barrière excessive. C'est dans ce contexte qu'une commande spéciale fut passée, non pas pour une forteresse roulante, mais pour une voiture de parade qui incarnerait le prestige de la France. La mission fut confiée à Citroën et au célèbre carrossier Henri Chapron.
Le cahier des charges était ambitieux : il fallait une voiture d'apparat qui surpasserait en longueur et en prestance la limousine présidentielle américaine. Le projet, initié dès 1962 mais dont la réalisation s'étala sur plusieurs années, aboutit à la livraison en fin d'année 1968 d'une Citroën DS 21 Présidentielle Chapron absolument unique. Longue de 6,53 mètres, elle reposait sur un châssis de DS 21 mais avait été profondément modifiée. Son design extérieur, supervisé avec soin, arborait une élégance statutaire, avec des détails spécifiques comme un logo Citroën doré. Madame Yvonne de Gaulle elle-même s'impliqua dans la conception de l'habitacle, choisissant une peinture bicolore grise et veillant à ce que l'intérieur soit à la fois luxueux et fonctionnel. On y trouvait une séparation chauffeur, des strapontins pour les interprètes ou gardes du corps, une sellerie en cuir somptueux, des boiseries précieuses, un bar, un réfrigérateur et même un bureau escamotable. Sur le plan technique, elle conservait le moteur de la DS 21 mais avec un système de refroidissement adapté à sa mission et une vitesse de pointe avoisinant les 130 km/h.
C'est cette voiture d'exception qui, selon la volonté exprimée, inaugura l'ère des immatriculations spécifiques pour la Présidence de la République avec la célèbre plaque "1 PR 75" (PR pour Présidence de la République, 75 pour le département de la Seine, Paris). Cependant, le Général de Gaulle ne l'utilisa que très parcimonieusement – les chroniques rapportent seulement trois sorties officielles. La séparation fixe entre le chauffeur et les passagers arrière, conçue pour l'intimité, ne correspondait finalement pas totalement à ses préférences. Son successeur, Georges Pompidou, ne l'utilisa guère plus, et cette DS présidentielle, véritable œuvre d'art automobile, fut par la suite acquise par un collectionneur passionné, préservant ainsi un témoignage unique de l'histoire automobile et présidentielle française.
L'histoire liant Citroën à la Présidence de la République française est donc bien plus qu'une simple fourniture de véhicules officiels. Elle est jalonnée d'anecdotes extraordinaires, de défis techniques relevés avec brio et de voitures qui ont marqué leur époque, au premier rang desquelles la Citroën DS du Général de Gaulle. Elle incarne une période où l'innovation française rayonnait et où la voiture pouvait devenir une extension de l'image présidentielle, un outil au service de la fonction et un symbole fort pour la nation.
La DS, par son destin présidentiel, a transcendé son statut d'automobile pour devenir une icône culturelle, un témoin de la résilience et du prestige français. Cet héritage n'est pas lettre morte. Aujourd'hui encore, l'esprit d'innovation et le lien privilégié avec la plus haute instance de l'État perdurent. La présence de modèles DS modernes au sein du parc automobile de l'Élysée, comme la DS 7 Crossback Élysée arborant fièrement une immatriculation qui évoque une lignée – que l'on pourrait surnommer la "N°8" en clin d'œil à une continuité – démontre que cette relation privilégiée se conjugue au présent. Citroën, et par extension DS Automobiles, continue d'écrire des pages de cette histoire singulière, portant avec optimisme les valeurs d'audace et d'excellence chères à la marque et à la République.
Citroën et les voitures présidentielles, une longue histoire jusqu’à la C6. Avec le récent positionnement de la marque qui ne respecte pas son ADN, pas sur qu’on en reçoit. Peut-être le C5 Aircross arrivera t’il dans certains ministères. Mais maintenant l’Elysée va préférer la marque usurpatrice.
a noter que si mon souvenir est bon a l’epoque le noir ne représentait que 3 % des ventes et le noir c’était pour l’administration et en là palette de couleurs pour les DS « particuliers » etaient riches en jaune vert rouge orange etc
Sa ligne est pour le moins... Baroque. En revanche, son intérieur était à la hauteur de ce qui se faisait de mieux en termes de véhicules présidentiels contemporains. Dommage qu'elle n'ait pas reçue un 6 cylindres à plat, dont l'étude avait été menée avant la sortie de la DS, avant d'être abandonnée. Il est vrai que les Citroën d'avant 1974 n'ont jamais eu de motorisations nobles, en tout cas dignes de leurs capacités routières exceptionnelles. Les ingénieurs motoristes ont fait leur possible pour pallier leur manque de moyens financiers, la CX Turbo essence offrait par exemple des performances décoiffantes, mais question sonorité, on était à des années lumières d'un 6 cylindres Alfa ou Bmw pour ne citer qu'eux.
La lignée des Citroën présidentielles avait commencé avec la Traction. Après la DS on peut ajouter la SM, les CX Prestige de Giscard, Chirac et les C6.