[Les Citroën Présidentielles] Citroën CX Prestige : la favorite de Jacques Chirac à l'Élysée

Bienvenue dans le troisième volet de la série exclusive consacrée aux voitures qui ont marqué la présidence de la République. Après avoir exploré la légendaire DS du Général de Gaulle et l'audacieuse SM Chapron de Georges Pompidou, direction aujourd'hui vers une autre icône du double chevron qui a sillonné les cours de l'Élysée. Cap sur la Citroën CX Prestige, une automobile indissociable de la figure de Jacques Chirac, un président qui ne cachait pas son amour pour cette grande routière au confort inégalé. Plus qu’un simple véhicule officiel, la CX fut pour lui une compagne de route, témoin de moments clés de l'histoire politique française, de la Mairie de Paris à la magistrature suprême.

L'avènement d'une icône : la naissance de la CX Prestige

Lancée en 1974 pour succéder à la révolutionnaire DS, la Citroën CX avait la lourde tâche de perpétuer un héritage d'innovation et de confort. Si la CX de base s'est rapidement imposée comme une routière d'exception, Citroën a très vite perçu la nécessité de proposer une version encore plus exclusive, destinée à une clientèle de dirigeants et de dignitaires. C'est ainsi qu'est née, dès 1976, la CX Prestige. Sa particularité la plus remarquable était son empattement allongé de 25 centimètres. Cette modification structurelle, loin d'être un simple gadget, transformait radicalement l'expérience à bord. L'espace aux jambes à l'arrière devenait tout simplement palatial, offrant un confort digne des plus grandes limousines du monde. Mais la différence ne s'arrêtait pas là. La Prestige se distinguait également par une finition intérieure beaucoup plus luxueuse, avec des garnitures spécifiques, l'arrivée de la climatisation en série et un soin particulier apporté à l'insonorisation. Sous le capot, elle bénéficiait des motorisations les plus nobles de la gamme. Bien entendu, elle conservait ce qui faisait l'âme de toute grande Citroën : la suspension hydropneumatique. Cette technologie, véritable tapis volant, lui conférait une tenue de route et un confort filtrant les aspérités de la chaussée comme aucune autre, une caractéristique essentielle pour assurer des trajets sereins aux plus hautes personnalités de l'État.

Jacques Chirac et la CX : une relation privilégiée

L'histoire de la CX Prestige à l'Élysée ne commence pas avec Jacques Chirac, mais avec son prédécesseur, Valéry Giscard d'Estaing. Après une brève parenthèse avec une Peugeot 604, le président Giscard d'Estaing se laissa séduire par la nouvelle grande Citroën, faisant de la CX Prestige la voiture officielle de la présidence. Cet héritage fut pleinement assumé et même amplifié par Jacques Chirac. Connu pour être un véritable amateur d'automobile, bien au-delà de la simple convenance politique, son attachement à la CX était sincère et profond. Avant même d'accéder à l'Élysée, alors qu'il était Maire de Paris, il utilisait déjà une CX pour ses déplacements. C'est cependant au volant d'une CX Prestige Turbo 2 de couleur vert foncé, commandée pour le parc de l'Élysée, que leur relation atteindra son apogée. L'histoire d'amour entre Chirac et sa CX est ponctuée d'anecdotes savoureuses. Il n'était pas rare qu'il prenne lui-même le volant, au grand dam de son service de sécurité, pour le simple plaisir de conduire cette voiture qu'il appréciait tant pour son confort souverain et son comportement routier. Cette voiture n'était pas seulement un outil de représentation ; elle était son bureau mobile, le cocon dans lequel il parcourait la France, mais aussi une monture qu'il pilotait avec un plaisir non dissimulé. De ses années à Matignon jusqu'à la fin de son second mandat présidentiel, la CX Prestige fut une fidèle compagne, symbolisant un lien presque affectif entre un homme d'État et son automobile.

En conclusion, la relation entre la Citroën CX et la présidence de la République est bien plus qu'une simple chronique automobile. Elle représente un chapitre important qui a sans nul doute contribué à renforcer l'amour et le lien historique entre la marque Citroën et le palais de l'Élysée. Pour Jacques Chirac, la CX était bien plus qu'une voiture de fonction ; elle était son coup de cœur personnel, un choix de connaisseur. Le fait qu'il l'ait utilisée à maintes reprises, souvent à la place de son chauffeur, est le signe le plus tangible de son attachement profond à cette voiture qui, des décennies plus tard, reste une véritable icône du design et du confort à la française.