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[Les Citroën du bout du Monde] Quand une Peugeot 206 portait les Chevrons


La Citroën C2 en Chine

Citroën a depuis longtemps conquis les routes bien au-delà de l'Hexagone, exportant son savoir-faire et son audace stylistique à travers le globe. Cependant, l'histoire internationale de Citroën ne se limite pas à la simple exportation de modèles conçus pour l'Europe. Dans une démarche d'adaptation aux marchés locaux ou en raison de partenariats spécifiques, la marque aux chevrons a également produit et commercialisé des véhicules dans certains pays qui n'ont jamais foulé le sol européen. Ces modèles, parfois méconnus, racontent une facette passionnante de l'expansion mondiale de Citroën. C’est tout l’intérêt de cette rubrique “Les Citroën du bout du Monde”, qui vous invite à découvrir ces véhicules exotiques et leurs histoires singulières. Aujourd'hui, cap sur la Chine et une citadine au nom familier mais à l'ADN surprenant : la Citroën C2.



Une C2 aux origines sochaliennes sur le marché chinois

Lorsque l'on évoque la Citroën C2 en Europe, l'image qui vient immédiatement à l'esprit est celle de la petite citadine 3 portes, au style enjoué et distinctif, techniquement dérivée de la première génération de Citroën C3. Lancée en 2003, elle a séduit une clientèle jeune et urbaine par son agilité et son design pétillant. Pourtant, à des milliers de kilomètres de là, en Chine, une autre Citroën C2 voyait le jour en 2006, mais son histoire et ses soubassements techniques étaient radicalement différents. Produite localement par la joint-venture Dongfeng Peugeot-Citroën Automobile (DPCA), cette C2 chinoise n'était autre qu'une Peugeot 206 profondément recarrossée.



Ce choix stratégique peut surprendre, mais il s'explique par le contexte particulier du marché automobile chinois au milieu des années 2000. En 2006, Citroën jouissait en Chine d'une notoriété et d'une image de marque plus solidement établies que celles de Peugeot. Implantée dès 1992, notamment avec la populaire Fukang (la version locale de la ZX), Citroën avait eu le temps de tisser des liens avec la clientèle chinoise et de développer un réseau. Peugeot, bien que partenaire au sein de DPCA, avait une présence plus récente et une reconnaissance moindre. Ainsi, pour maximiser les chances de succès d'un modèle citadin basé sur la plateforme de la 206, il fut jugé plus pertinent de le commercialiser sous la marque Citroën, perçue comme plus porteuse. Cette opération de "badge engineering" permettait également de rentabiliser une plateforme existante et éprouvée, tout en proposant une offre Citroën distincte dans le segment B, en complément de modèles plus anciens comme la Fukang ou plus statutaires comme la C-Elysée.


Style, motorisations et ambitions contrariées de la C2 chinoise

La métamorphose de la Peugeot 206 en Citroën C2 pour le marché chinois ne s'est pas limitée à un simple changement de logos. Les équipes de design ont été mises à contribution pour intégrer les codes stylistiques de Citroën, en particulier sur la face avant. La C2 chinoise arborait ainsi une calandre proéminente intégrant les chevrons, des optiques redessinées, plus étirées et agressives que celles de la 206, et un bouclier spécifique. Si le profil général, notamment l'arche de toit et les portières, trahissait sans équivoque sa filiation avec la citadine de Sochaux, l'arrière recevait également un traitement distinctif avec des feux redessinés et un hayon modifié pour affirmer son identité Citroën. L'ensemble se voulait plus moderne et peut-être un peu plus statutaire que la 206 dont elle dérivait, qui continuait d'ailleurs sa carrière en parallèle sous la marque Peugeot en Chine.


À l'intérieur, les différences étaient moins marquées. Le dessin général de la planche de bord de la 206 était conservé, mais Citroën y apportait sa touche avec des garnissages spécifiques, des selleries au design propre et, bien entendu, le logo aux chevrons sur le volant. L'objectif était de créer une ambiance distincte, en phase avec l'image de Citroën. Sous le capot, la C2 chinoise reprenait des motorisations essence éprouvées, issues de la banque d'organes de PSA : principalement un bloc 1.4 litre de 75 chevaux et un 1.6 litre de 106 chevaux, couplés à des boîtes de vitesses manuelles ou automatiques.


Lancée avec l'ambition de séduire une clientèle jeune et dynamique dans les métropoles chinoises en pleine expansion, la Citroën C2 "made in China" visait à capter une part du segment des petites voitures, très concurrentiel. Les prix étaient étudiés pour être attractifs, se positionnant légèrement différemment de sa cousine la Peugeot 206. Malgré un démarrage honorable, avec environ 40 000 unités vendues au cours des deux premières années de commercialisation, la C2 n'a pas rencontré le succès escompté sur le long terme. Les ventes ont progressivement décliné, et la production a finalement cessé autour de 2013 sans que le volume total ne marque les esprits de manière indélébile.



En définitive, l'opération de rebadgeage de la Peugeot 206 en Citroën C2 pour le marché chinois n'a pas été couronnée du succès espéré par DPCA. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette performance mitigée. D'une part, la concurrence était vive sur ce segment, avec des constructeurs locaux proposant des modèles souvent moins chers. D'autre part, et c'est sans doute le point crucial, les attentes des consommateurs chinois ont rapidement évolué. Si les petites citadines ont eu leur heure de gloire, la tendance de fond sur le marché chinois a toujours été, et reste, une préférence marquée pour des véhicules plus spacieux, offrant une meilleure habitabilité et un coffre plus généreux, souvent synonymes de statut social plus élevé.

La Citroën C2, avec ses dimensions compactes héritées de la 206, était davantage taillée pour les standards et les besoins européens que pour les aspirations d'une clientèle chinoise en quête d'espace et de polyvalence. Malgré ses qualités intrinsèques et un style différencié, elle n'a pas réussi à s'imposer durablement. Contrairement à d'autres modèles Citroën qui ont connu un franc succès en Chine, comme la C-Elysée, la C2 n'a pas eu de remplaçante directe portant ce nom ou reprenant ce concept. Cette expérience illustre bien la complexité de l'adaptation aux marchés locaux et l'importance cruciale de bien cerner les désirs spécifiques des consommateurs, particulièrement sur un marché aussi dynamique et exigeant que celui de la Chine. Elle reste néanmoins un témoignage intéressant de la stratégie de Citroën pour étendre sa présence mondiale.

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