E-cars : L'Europe prépare la voiture abordable, quelle opportunité pour Citroën ?
- Jérémy
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L’industrie automobile européenne est à l’heure de grands choix qui pourraient avoir des conséquences majeures sur la mobilité de demain. Entre l’objectif d’électrification totale à l’horizon 2035, une échéance de plus en plus débattue, et la nécessité de recréer une offre de voitures abordables, les prochains mois s'annoncent cruciaux. Alors que les constructeurs chinois gagnent du terrain, l'Europe s'organise pour définir une nouvelle catégorie de véhicules accessibles. C’est l’occasion d’analyser les contours de ces futures voitures et d'explorer les conséquences, mais surtout les opportunités, pour une marque comme Citroën.
Deux propositions distinctes pour un seul objectif
L'idée d'une voiture simple, économique et compacte, longtemps délaissée par les constructeurs au profit de segments plus rentables, refait surface avec insistance. Cette quasi-disparition des petits modèles a durement frappé le marché, faisant du continent européen le seul à ne pas avoir retrouvé son niveau de ventes d’avant la crise du Covid. Poussée activement par des acteurs majeurs comme Stellantis et Renault, mais aussi, plus récemment, par la Commission Européenne elle-même, l'initiative vise à créer un cadre réglementaire inédit. Les caractéristiques précises de cette nouvelle catégorie, déjà surnommée "E-car", devraient être connues d'ici la fin de l'année, mais deux pistes principales se dessinent déjà pour relancer la machine.
La piste M0 : la simplicité urbaine
La première option étudiée, baptisée « M0 », se concentre sur une vision de la mobilité essentiellement urbaine et péri-urbaine. Selon les experts du Gerpisa qui ont étudié les scénarios, ces véhicules verraient leur puissance limitée à 54 chevaux (environ 40 kW). La contrainte majeure résiderait dans une interdiction d'accès aux autoroutes, la cantonnant de fait aux trajets secondaires. En contrepartie de cette limitation d'usage, les exigences en matière de sécurité active seraient restreintes. L'objectif est clair : réduire drastiquement les coûts de production en revenant à des standards techniques moins complexes et moins onéreux, s'éloignant des normes GSR2 récemment imposées.
La proposition M1 ASEV : la polyvalence maîtrisée
La seconde piste, désignée « M1 ASEV » (pour Affordable Small Electric Vehicle, ou petit véhicule électrique abordable), se veut plus polyvalente. Cette catégorie serait techniquement beaucoup plus proche des voitures particulières actuelles (classées M1) que des quadricycles. Si elle impose également des limitations sur la puissance et les équipements embarqués par rapport aux standards actuels, elle offrirait un avantage décisif : l'autorisation d'emprunter les voies rapides et les autoroutes. Cette qualité répondrait à une attente essentielle de nombreux automobilistes qui recherchent un minimum de polyvalence, même pour un véhicule à vocation économique.
Des contraintes communes pour un défi de taille
Au-delà de leurs différences d'usage, ces deux propositions partagent des contraintes strictes visant à garantir leur accessibilité. Le gabarit serait ainsi réduit, avec une longueur maximale fixée à 3,80 mètres, et le poids total serait limité à une tonne, batteries incluses. Ce cahier des charges s'inspire directement des kei cars japonaises. Jean-Philippe Imparato, directeur Europe chez Stellantis, a d'ailleurs soutenu l'idée d'un retour aux standards de sécurité de 2018, avant la généralisation des coûteuses aides à la conduite. Le défi pour les constructeurs européens sera immense : il faudra veiller à ce que ces voitures dites abordables, potentiellement vendues sous les 15 000 euros, ne soient pas perçues comme des "sous-voitures". L'enjeu est de taille, car les constructeurs chinois proposent déjà sur le marché européen des véhicules électriques très équipés à des tarifs pas beaucoup plus élevés.
Citroën : l'innovation et l'accessibilité dans l'ADN
Face à ce nouveau paradigme, les regards se tournent naturellement vers Citroën. La marque aux chevrons n'a-t-elle pas déjà révolutionné la mobilité urbaine avec l'audacieuse Citroën Ami ? Par sa longue et riche histoire, de la 2CV à la C4 Cactus, Citroën a maintes fois prouvé qu’elle savait inventer et innover, souvent là où on ne l'attendait pas, en créant de nouveaux segments. Ami, bien qu'étant un succès indéniable, démontre aussi ses limites : sa vitesse bridée à 45 km/h la cantonne strictement aux zones urbaines. Or, il existe une clientèle importante, notamment dans les zones rurales ou péri-urbaines, qui recherche une solution électrique ou hybride accessible, mais capable de s'aventurer sur les routes départementales.
Il y a un chemin évident à tracer entre Ami et la nouvelle ë-C3. Une place existe pour une véritable voiture, capable d'accueillir quatre personnes et d'atteindre 90 ou 110 km/h, qui viendrait donner une suite, non pas à la 2CV, mais à la C1, avec une version électrifiée à 15 000 €. Si Dacia a déjà exploré une piste avec un concept, Hipster, sorte de "grande Ami" à quatre places mesurant seulement 3 mètres de long, celle-ci pourrait ne pas correspondre parfaitement aux ambitions de cette nouvelle catégorie, qui autorise jusqu'à 3,80 mètres. Une seule marque semble capable de réaliser la quadrature du cercle : une voiture simple, économique, innovante et désirable, Citroën ! Nul doute que la marque en dira davantage sur sa stratégie d'ici le mois de décembre, mais nous pouvons amplement lui faire confiance pour surprendre.
L'audace au cœur d'un avenir passionnant
Les prochains mois seront absolument passionnants à suivre, car ils pourraient redéfinir en profondeur l’avenir de l’industrie automobile européenne et la mobilité de millions de citoyens. Citroën a déjà pris les devants en rendant la mobilité électrique accessible au plus grand nombre, notamment en baissant drastiquement ses prix, jusqu’à 5 000 € de moins entre les nouvelles C3 et C3 Aircross et leurs anciennes générations. C’est aujourd'hui la seule marque généraliste à avoir opéré un tel repositionnement. Mais elle a encore de belles surprises en réserve et un immense potentiel pour bouleverser la donne. La marque saura, à n'en pas douter, saisir les opportunités de cette nouvelle catégorie "E-cars" pour démontrer, une fois de plus, que l'audace est toujours au cœur de son ADN.