Bilan premier semestre 2025 - Citroën C5 X : une lueur d'espoir en Europe, l'énigme du marché français.

L'avenir de la Citroën C5 X semble s'inscrire en pointillés. L'annonce de l'absence de restylage à mi-carrière et, plus encore, de son non-remplacement à terme, a jeté un froid sur le destin de la grande berline aux chevrons. Il faut dire que son segment, celui des berlines familiales (segment D), est un véritable champ de bataille, largement dominé par les constructeurs premium allemands et progressivement déserté par les marques généralistes, dont la prise de risque est rarement récompensée. Dans ce contexte, espérer des volumes de ventes importants relève de l'optimisme. Pourtant, l'analyse des chiffres du premier semestre 2025 en Europe révèle une situation bien plus nuancée qu'il n'y paraît. Entre des progressions encourageantes sur certains marchés et un effondrement surprenant sur d'autres, la carrière de la C5 X soulève de véritables questions, offrant des faits aussi intéressants qu'inattendus.

Une dynamique européenne contrastée mais porteuse d'espoir

Au premier abord, le bilan européen du premier semestre 2025 pour la Citroën C5 X peut sembler décevant, avec un total de 1 481 unités écoulées, soit une baisse de 24 % par rapport à la même période l'année précédente. Cependant, une analyse plus fine des dynamiques mensuelles récentes invite à modérer ce constat. Le mois de mai a enregistré une hausse de 4 % des immatriculations avec 245 unités, et cette tendance positive s'est confirmée en juin avec 362 unités, soit une progression de 1 %. Bien que modestes, ces signaux positifs dans un marché si concurrentiel démontrent que le vaisseau amiral de Citroën conserve un pouvoir de séduction et n'a pas dit son dernier mot.

Cette résilience est particulièrement visible dans certains pays du sud de l'Europe. En Espagne, après un début d'année compliqué, la C5 X a connu un mois de juin spectaculaire avec 74 immatriculations, soit une croissance impressionnante de 174,07 %. Si le bilan semestriel reste en léger recul de 7,73 % avec 191 unités, cette performance estivale prouve qu'une dynamique commerciale peut être relancée. Mais c'est en Italie que la grande routière française réalise sa plus belle performance. Avec une hausse de 88,06 % sur le semestre pour atteindre 252 unités, elle s'offre le luxe de devancer une référence comme la Skoda Octavia. En juin, ses 119 unités lui ont même permis de se hisser à la troisième place de son segment. Ces succès, notamment en Italie où le design et le confort sont des critères d'achat majeurs, confirment que les qualités intrinsèques de la C5 X sont reconnues. C'est précisément ce constat qui rend sa situation en France, son marché domestique, d'autant plus surprenante et difficile à comprendre.

Le cas de la France : une énigme préoccupante

Le contraste entre la dynamique observée en Italie ou en Espagne et la situation française est saisissant, voire alarmant. En France, la Citroën C5 X semble en véritable difficulté. Sur l'ensemble du premier semestre 2025, seules 244 unités ont trouvé preneur, marquant une chute vertigineuse de 59,7 %. Le mois de juin a été particulièrement difficile, frôlant l'anecdotique avec seulement 15 immatriculations enregistrées sur tout le territoire national. Ce chiffre n'est pas seulement faible dans l'absolu, il est surtout révélateur d'un problème plus profond lorsqu'on le met en perspective.

Historiquement, la France est le pilier des ventes de Citroën en Europe. Pour des modèles phares comme la C3, le marché français représente 32,48 % de ses ventes européennes totales au premier semestre. Pour la C4, ce chiffre s'élève à 30,56 %. Pour la C5 X, la France ne pèse que pour 16 % de ses ventes européennes sur la même période. Pire encore, sur le seul mois de juin, les 15 voitures vendues en France ne représentent que 4,14 % des 362 C5 X écoulées à l'échelle du continent. Comment expliquer qu'un véhicule conçu et produit en partie pour répondre aux attentes d'un marché historique, réputé pour son appétence pour les grandes routières confortables, soit à ce point boudé ? Cette sous-performance spectaculaire sur son propre sol, alors que des marchés étrangers lui réservent un accueil bien plus favorable, pose une question fondamentale sur la stratégie appliquée au modèle dans l'Hexagone.

En conclusion, il serait malhonnête de ne pas reconnaître que les volumes de ventes globaux de la Citroën C5 X restent modestes. Elle évolue loin, très loin, des scores réalisés par sa cousine technique, la Peugeot 408, qui a séduit 9 974 clients en Europe sur le même semestre, bien qu'elle soit également en baisse de 15 %. La comparaison est rude mais nécessaire pour contextualiser la performance.

Cependant, réduire l'analyse à cette seule comparaison serait une erreur. Les récentes performances commerciales en Italie et en Espagne, avec des taux de croissance à deux ou trois chiffres, prouvent que la proposition unique de la C5 X – un mélange audacieux de berline, de break et de SUV axé sur un confort souverain – trouve son public. Ces succès confirment que la voiture possède des atouts capables de convaincre une clientèle exigeante. La question qui brûle les lèvres est donc la suivante : la Citroën C5 X est-elle réellement exploitée à son plein potentiel, notamment en France ? L'effondrement sur son marché national, si décorrélé des tendances européennes, suggère que la messe n'est peut-être pas encore dite. Avant de la condamner, il serait pertinent de se demander si elle bénéficie de tous les leviers commerciaux et de la mise en avant qu'un tel vaisseau amiral mériterait.