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[Anniversaire] Citroën RE-2 : L'incroyable aventure de l'hélicoptère aux chevrons


Le Citroën Re-2, le premier hélicoptère aux chevrons

Si Citroën a marqué l'histoire automobile par son inventivité et sa capacité à réinventer la mobilité terrestre à maintes reprises, la marque aux chevrons s'est également aventurée hors des sentiers battus. Parmi ces excursions audacieuses figure un projet étonnant : un hélicoptère. Cet appareil, baptisé RE-2, témoigne d'une époque où l'innovation ne connaissait pas de limites et où Citroën osait explorer de nouveaux horizons, y compris celui du ciel. Plongeons ensemble dans l'histoire surprenante de cet hélicoptère qui, bien que méconnu du grand public, incarne l'esprit pionnier de la marque.



Aux origines d'un projet aérien ambitieux

L'idée d'un hélicoptère Citroën peut sembler incongrue de prime abord. Pourtant, dans les années 1970, la congestion croissante des routes dans les pays industrialisés et le manque d'infrastructures dans certaines nations en développement ont poussé Citroën à s'intéresser de près à la mobilité verticale. La marque, toujours en quête de solutions novatrices, voyait dans l'hélicoptère léger un potentiel intéressant. C'est dans ce contexte que le projet RE-2 a pris forme, avec l'ambition de proposer une alternative aux modèles existants, notamment le Bell 47, très répandu en France à l'époque.

Le développement fut confié à Charles Marchetti, un ingénieur aéronautique de renom, déjà père des célèbres Alouette II et Super Frelon. L'objectif était de concevoir un appareil moderne, simple, sûr et économique, en appliquant les "méthodes automobiles" chères à Citroën. Le projet a été officiellement lancé en 1973, et le prototype unique du RE-2 a effectué son premier vol le 24 décembre 1975 sur le site d'essai de La Ferté-Vidame. Pendant un temps, ce témoin d'une audace industrielle fut visible au Conservatoire Citroën à Aulnay-sous-Bois, avant que celui-ci ne ferme ses portes au public. Restauré par des passionnés dans les années 90, l'unique exemplaire rappelle cette période d'effervescence et de diversification.



Le RE-2 : caractéristiques d'un hélicoptère pas comme les autres

Le Citroën RE-2 se distinguait par plusieurs innovations techniques audacieuses, héritées en partie du savoir-faire automobile de la marque. Son principal atout résidait dans l'utilisation d'un moteur à piston rotatif (de type Wankel) développé par Comotor, une société fondée par Citroën et NSU. Ce moteur birotor, similaire à celui qui équipa la Citroën GS Birotor, offrait de nombreux avantages pour une application aéronautique : légèreté, compacité, absence de vibrations, courbe de puissance favorable et facilité d'adaptation grâce à son montage à axe vertical. Il développait une puissance maximale de 190 chevaux à 6500 tr/min.

La conception du RE-2 mettait l'accent sur la sécurité et la facilité de pilotage. Son rotor principal tripale, sans articulations et doté de pales lourdes en acier inoxydable, permettait d'emmagasiner une grande énergie cinétique, d'éliminer la résonance au sol et d'améliorer la stabilité en vol. Les extrémités des pales étaient effilées pour réduire le bruit. La structure de l'appareil, une coque en alliage léger, comprenait un nombre limité de composants, simplifiant la maintenance. Il disposait d'un train d'atterrissage à patins à voie élargie pour faciliter les atterrissages et d'une cabine confortable offrant une excellente visibilité grâce à une large surface vitrée.

Avec une masse à vide de 625 kg et une masse maximale de 840 kg, le RE-2 affichait des performances honorables pour un hélicoptère léger de son époque. Sa vitesse maximale atteignait 205 km/h, pour une vitesse de croisière de 175 km/h. Son autonomie était d'environ 3 heures et 30 minutes, lui permettant de franchir une distance de 430 km avec réserves. L'hélicoptère pouvait emporter un pilote et un passager. Il était conçu pour diverses missions telles que la liaison, l'observation, la surveillance ou même l'agriculture.

Malgré ses qualités prometteuses et des essais en vol concluants, le projet RE-2 fut arrêté le 5 mai 1979. Plusieurs facteurs expliquent cet abandon. Le premier choc pétrolier de 1973 avait rendu les moteurs gourmands en carburant, comme le Wankel, moins attractifs. De plus, l'Armée de Terre française, un client potentiel majeur, préféra se tourner vers l'Aérospatiale pour ses hélicoptères légers. Enfin, le programme s'avérait très coûteux pour Citroën, qui traversait alors une période de restructuration financière aboutissant à son rachat par Peugeot en 1976. L'aventure aéronautique fut donc l'une des premières activités abandonnées par la nouvelle direction. L'unique prototype fut alors transféré au patrimoine de la marque.

L'aventure de l'hélicoptère Citroën RE-2 ne s'est certes pas soldée par un succès commercial retentissant. Néanmoins, elle demeure un témoignage éloquent de la formidable capacité d'innovation de la marque aux chevrons et de sa volonté d'explorer des territoires inconnus. À une époque où les défis techniques semblaient stimuler la créativité, Citroën n'a pas hésité à investir un domaine aussi complexe et exigeant que l'aéronautique. Le RE-2, avec ses solutions techniques originales et son design soigné, incarne cet esprit d'audace. S'il n'a pas révolutionné le transport aérien, il a enrichi le patrimoine de Citroën d'une page singulière, rappelant que l'ADN de la marque est fait d'exploration et de dépassement des conventions, bien au-delà des quatre roues. Cette incursion dans le domaine aérien souligne une culture d'entreprise tournée vers l'ingénierie et la recherche de solutions nouvelles, une philosophie qui continue d'animer Citroën aujourd'hui.

3 commentaires

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L’hélicoptère était exposé au centenaire à la Ferté Vidame en compagnie des M35 et GS Birotor sur le stand consacré aux moteurs rotatifs.

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Je suis passé il y a une quinzaine de jour devant le site de la Ferté Vidame où a été prise cette photo, il y a fort longtemps...

Sur la porte de l'entrée principale figure toujours le panneau STELLANTIS/SEGULA...

Savez-vous qui a racheté le domaine ?

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Citrofan
Citrofan
03 août

Comme dit il n’y avait pas de limite a l’inventivité de Citroën

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À propos de l’auteur
✍️ Je m’appelle Jérémy K., fondateur du site Passionnément Citroën.
Passionné d’automobile depuis toujours et de Citroën en particulier, je partage chaque jour l’actualité de la marque à travers des articles, essais, analyses et dossiers.
J’ai également créé le magazine Être Citroëniste et la chaîne YouTube Passionnément Citroën, pour faire vivre et transmettre cette passion sous toutes ses formes.
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