C'est peu de dire que la pandémie de Covid a considérablement bousculé l'industrie automobile qui , entre confinement et pénurie en tous genres, n'a pas eu la tâche facile ces deux dernières années. Et, à l'aube d'une transition énergétique où les effets ne sont pas connus, Vincent Cobée voit 2023 comme une année charnière où l'incertitude sera de mise.
Incontestablement, le monde a basculé avec le Covid et la guerre en Ukraine qui a entraîné un fort conteste inflationniste qui aura, tôt ou tard, des répercussions. Après deux années où le secteur automobile a connu une demande supérieure à l'offre avec, en conséquences, des carnets de commandes bien garnies, cette tendance pourrait s'inverser assez rapidement. Vincent Cobée, le PDG de Citroën, indique ainsi « Ces deux dernières années, la demande était supérieure à l'offre. Nous avons tous une longue liste d'attente de voitures à livrer de 5 ou 6 mois. Sur certains véhicules utilitaires, presque un an. Et nous savons qu'une crise économique arrive. Donc, le scénario que nous avons est complexe car il y aura une demande et une offre qui se croiseront à un moment donné de l'année, probablement en juin ou juillet."
C'est au moment de ce croisement que l'incertitude sera la plus forte avec, pour principales questions, la stabilité de l'inflation des matières premières et de l'énergie ainsi que de la main d'œuvre et le comportement des consommateurs devant une électrification imposée qui, mécaniquement, va faire baisser le marché. Pour contrer cela, Vincent Cobée assure qu'il a les capacités de répondre pour absorber la crise économique d'autant plus que le groupe Stellantis a un seuil de rentabilité très bas qui lui permet d'être quand même rentable avec mois de voitures vendues. Pour autant, le patron de Citroën n'est pas spécifiquement inquiet car "Tout n'est pas perdu. Chez Citroën, nous défendons l'accessibilité. Nous comprenons également qu'il y a une transition vers plus de location et moins de propriété , donc cela absorbera une partie de l'inflation". Citroën travaille aussi sur des véhicules électriques accessibles comme le confirme Vincent Cobée « Je vais fabriquer la nouvelle C3 électrique de manière abordable pour nous protéger d'une chute du marché. Mais à moyen terme, soyons clairs. Maintenant, à court terme dans les 12 ou 18 prochains mois... Comment allons-nous gérer l'inflation ? Je ne sais pas" tout en précisant que cette future ë-C3 "ne sera pas fabriquée en Inde, mais nous utiliserons les enseignements de l'Inde et de l'Amérique du Sud pour fabriquer la C3, y compris sa version électrique"
En conclusion, l'automobile est devant une transformation majeure que les dernières crises liées à la pandémie n'ont pas rendu plus aisée. Cependant, conscient que le marché automobile baissera en Europe en raison d'un marché mature où l'électrification forcée va transformer le marché, Citroën anticipe cela en cherchant à fabriquer des voitures plus abordables, en s'internationalisant davantage pour moins dépendre de l'Europe. Avec ces affirmations, on mesure ici toute la pertinence de la nouvelle stratégie de Citroën qui vise à faire des voitures abordables, sans être low-cost, tout en étant protéger par un groupe puissant où le seuil de rentabilité bas le met à l'abris des crises.