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Les usines PSA tournent jusqu'à saturation : l'exemple de Rennes


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Au bord de la fermeture il y a encore quelques années, l'usine de Rennes (au lieu-dit La Janais) a trouvé son salut avec l'arrivée des SUV comme le Peugeot 5008 et bientôt le C5 Aircross. Pourtant, le site ne verra pas ses capacités augmenter, malgré la forte demande prévue. PSA procède à un redéploiement de son dispositif industriel qui met les usines françaises - et leurs salariés - sous forte tension...

« Nous ressentons de la frustration et de l'amertume... » Les mots de Christine Virassamy tranchent avec le ton toujours très posé de sa voix. Et pourtant, la syndicaliste CFDT déléguée au comité central d'entreprise n'en est pas moins déterminée : l'usine de Rennes La Janais, où elle a commencé en tant qu'opératrice en 2004, est son combat !

« Au regard de tous les sacrifices, les efforts consentis par les salariés de cette usine, les différents plans que nous avons endurés, le PSE en 2012, l'accord CAR [Contrat d'avenir pour Rennes, Ndlr] additionné à l'accord NEC [Nouvel Elan pour la Croissance], dans lequel nous avons accepté le gel des salaires pendant trois ans... les salariés de PSA ont, eux aussi, contribué au redressement du groupe », explique-t-elle à "La Tribune" après avoir constaté que le site serait maintenu en sous-capacité.

L'usine de Rennes, spécialiste de la production de haut de gamme

Pourtant, le destin de l'usine de Rennes La Janais avait repris des couleurs avec l'arrivée, en 2017, du Peugeot 5008, voiture de haut de gamme de la marque au lion, et à forte valeur ajoutée. Ce SUV de 7 places rencontre un grand succès, autant sur les volumes que sur le niveau de finition.

"Nous sommes sur un rythme de production de 100.000 voitures par an sur ce modèle", nous précise Thérèse Joder, directrice de l'usine, venue célébrer, jeudi 24 mai à Paris, le lancement de la C5 Aircross.

C'est l'autre bonne nouvelle pour les opérateurs de l'usine bretonne, PSA a décidé d'y allouer la production du C5 Aircross, le nouveau SUV prometteur de Citroën. Cette annonce était un véritable soulagement pour les salariés de cette usine depuis trop longtemps menacée de fermeture...

Pourtant, l'usine de Rennes était réputée pour son expertise, si bien que c'était elle qui était chargée de construire les grandes berlines haut de gamme du groupe dans les années 1990 et 2000. Mais le déclin de ce segment, amorcé par la crise des subprimes, l'avait fragilisée. En 2010, PSA lui confiait encore la 508 avec un cahier des charges ambitieux: atteindre les niveaux de qualité des premiums allemands. Des ingénieurs allemands sont même dépêchés à La Janais pour tirer les standards de production jusqu'au nec plus ultra de la qualité. Pourtant, la nouvelle 508, présentée au dernier salon de Genève et qui promet de franchir de nouveaux seuils en termes de qualité perçue, n'est pas attribuée à l'usine La Janais. Un nouveau revers après l'annonce de la fin de la C5.

L'arrivée du C5 Aircross met l'usine sous tension

Mais, avec l'arrivée du C5 Aircross, l'usine peut rêver de retrouver sa grandeur d'avant. D'ailleurs, le groupe y investit 100 millions d'euros pour moderniser la ligne de production. D'après Thérèse Joder, La Janais peut accueillir 100.000 C5 Aircross par an, 120.000 d'après les syndicats. Oui mais voilà, avec le 5008, l'addition s'élève à 200.000 voire 220.000 voitures par an, pour une usine configurée pour 160.000 voitures au maximum.

"PSA a annoncé que l'usine de Sochaux aura la capacité de prendre en charge une partie de la production de Peugeot 5008", a tempéré Thérèse Joder.

Autrement dit, PSA a préféré allouer un investissement supplémentaire sur Sochaux, plutôt qu'augmenter les capacités de production à La Janais.

"L'usine de Rennes a connu une histoire compliquée en raison de capacités surdimensionnées, nous souhaitons rester prudents", se défend Thérèse Joder.

La directrice de l'usine fait sûrement référence aux capacités de 400.000 voitures atteintes au mitan des années 2000, alors que l'usine ne produisit qu'environ 85.000 voitures en 2013...

De son côté, Christine Virassamy avait demandé de passer d'une cadence de 27 voitures par heures à 30 voitures par heure. « Trop compliqué », s'est-elle vue opposer. « Nous regrettons ce choix, nous aurions préféré garder les volumes 5008 plutôt que de les voir partir à Sochaux », déplore la syndicaliste CFDT. Un autre syndicaliste, lui, craint que les volumes soient transférés en Allemagne...

Une stratégie bien rodée par le tandem Tavares-Vincent

Le site de La Janais est en fait passé sous les fourches caudines de la méthode Tavares, mise en œuvre par son directeur de la production, Yann Vincent. Ainsi, l'usine a adopté les nouveaux process de production modernes fondés sur le "full kitting" (les pièces portées jusqu'à la ligne), les allées sont sillonnées par les AGV (ces petits robots autonomes qui transportent les pièces, voir vidéo ci-dessous)...

Le site a également appliqué à la lettre le principe du compactage qui permet de réduire la surface utile (et coûteuse en maintenance et impôts). D'après "Les Échos", le site devrait passer de 223 hectares à 83 hectares seulement. Cette méthode lui a permis d'atteindre de très bons niveaux de compétitivité et le point mort de rentabilité a été abaissé à environ 80.000 voitures par an.

Mais l'heure n'est pas à l'augmentation massive des capacités chez PSA... Et ce, même si le groupe a dû gérer quelques épisodes de fortes tensions sur la production. En 2017, il avait fallu réajuster à plusieurs reprises la production du 3008 à l'usine de Sochaux pour réduire des délais de livraison allant jusqu'à six mois d'attente. Mais, entre la marque DS, qui vient d'arrêter la production de deux modèles (DS4 et DS5), Citroën, dont la gamme est en pleine montée en puissance, et l'acquisition d'Opel, PSA doit revoir son dispositif industriel pour rééquilibrer les sites.

Résoudre les surcapacités d'Opel

En novembre dernier, lors de la présentation du plan de sauvetage d'Opel, Carlos Tavares, Pdg du groupe, livrait ces chiffres éloquents : le taux de capacité de production d'Opel se situe autour de 70% contre... 130% pour PSA !

La signature, mardi 29 mai, d'un accord avec IG Metall, le très puissant syndicat allemand de l'industrie automobile, va permettre au groupe de redéployer son dispositif industriel avec une contrainte majeure: l'impossibilité de fermer une usine, ni en Allemagne ni ailleurs... En vertu de cet accord, PSA pourra néanmoins se séparer de 3.700 salariés sur les 19.000 que compte Opel en Allemagne, sur la base des départs volontaires. En échange, les trois principaux sites de la marque à l'éclair seront pérennisés et se verront affectés d'importants investissements.

Sochaux entre dans le Top 3 des plus grosses usines européennes

L'usine d'Eisenach aura ainsi la charge de produire, progressivement, le Grandland X, jusqu'ici construit à l'usine de Sochaux... Celle-là même qui est censée servir d'appoint à l'usine de Rennes en cas de saturation. Sochaux, qui, avec une capacité de près de 500.000 voitures, entre dans le Top 3 des plus grosses usines européennes.

Ainsi, PSA n'augmente pas réellement ses capacités de production, mais les redéploie. Cette stratégie est déjà extrêmement coûteuse puisque, pour chaque usine, PSA investit des centaines de millions d'euros pour les moderniser, et les préparer à intégrer les nouveaux process dits d'usine 4.0. Pour la seule usine de Mulhouse, la facture s'élève à 400 millions d'euros. Celle de Sochaux a reçu 200 millions d'euros. À cela, il faut ajouter les investissements dans les usines de Tremery-Metz (165 millions d'euros), ou pour la Française de Mécanique qui doit monter en cadence très rapidement pour rééquilibrer sa production de moteurs essence.

La trésorerie de PSA très sollicitée : Iran, voiture électrique, autonome...

Sans compter que les ressources du groupe automobile français sont sollicitées de toutes parts : la voiture électrique, la recherche et développement sur les nouveaux plans produits, les nouvelles technologies liées à la voiture autonome, l'investissement en Inde qui pourrait s'élever à 1 milliard d'euros, l'implantation en Asie du Sud-Est avec l'accord du groupe malaisien Naza, le retour en Iran, l'installation de capacités d'assemblage dans divers pays d'Afrique et d'Eurasie (Kenya, Algérie, Ouzbékistan...), la stratégie «Nouvelles mobilités» avec Free2Move qui doit se doter d'une capacité d'acquisitions...

Mais, pour Christine Virassamy, le prix social de cette stratégie est élevé.

« Nous sommes satisfaits que l'usine de Rennes La Janais se transforme pour être plus compétitive, mais les conditions de travail se sont fortement dégradées, les salariés sont sous tension permanente, le climat social s'est détérioré au point d'être au bord de la rupture", alerte la syndicaliste CFDT. « La direction doit comprendre qu'il n'y aura pas de performance et de qualité de production sans améliorer la qualité de vie des salariés », ajoute-elle.


Source :

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/pourquoi-psa-est-oblige-de-saturer-ses-usines-francaises-l-exemple-de-rennes-780297.html

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