Citroën dévoile une stratégie ambitieuse et une croissance saine pour 2026 en Allemagne
- Jérémy
- il y a 2 heures
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Sur le marché automobile le plus exigeant d'Europe, Citroën opère une transformation remarquable. Longtemps perçue à travers le prisme de ses modèles historiques, la marque aux chevrons a su, ces dernières années, reconquérir des parts de marché significatives outre-Rhin. L’année 2025, bien que marquée par des défis industriels, témoigne d’une dynamique commerciale positive qui permet au constructeur d’aborder l'avenir avec sérénité. C'est dans ce contexte que Thomas Goldboom, directeur de Citroën Allemagne, a pris la parole pour détailler la feuille de route de la marque. Dans une interview récente, il confirme que si Citroën a beaucoup progressé, elle s'apprête à passer à la vitesse supérieure en 2026, forte d’une gamme renouvelée et d’une confiance retrouvée.
Une dynamique commerciale portée par une croissance saine et l'électrification
L'année 2025 restera une année pivot pour la présence de Citroën en Allemagne. Malgré un contexte concurrentiel intense, la marque française tire son épingle du jeu avec des résultats probants, notamment sur le marché des professionnels. Thomas Goldboom affiche un objectif clair : « Nous visons les 2 % cette année » en termes de parts de marché globales. Une performance d'autant plus notable que sur le secteur spécifique des véhicules utilitaires (VUL), la marque dépasse déjà les 4 %, confirmant son expertise historique auprès des artisans et des flottes d'entreprises.
Toutefois, cette année n'a pas été exempte d'obstacles. Le lancement industriel des nouvelles Citroën C3 et C3 Aircross a rencontré des goulots d'étranglement qui ont temporairement freiné les livraisons. Thomas Goldboom le reconnaît avec transparence : « Nous n'avons pas pu produire à pleine capacité les C3 et C3 Aircross cette année. Ces modèles n'étaient donc pas disponibles toute l'année. » Cette franchise souligne la réalité industrielle complexe, mais met surtout en lumière le potentiel de croissance pour l'exercice suivant. En effet, avec l'apport d'un site de production supplémentaire dès l'an prochain, ces contraintes seront levées. En conséquence, le directeur prévoit « un résultat nettement supérieur à 2 % » pour 2026.
Ce qui distingue particulièrement la stratégie actuelle de Citroën en Allemagne, c'est la qualité de ses ventes. La marque a opéré un assainissement de ses canaux de distribution, privilégiant la rentabilité et la valeur résiduelle. « Cette année, nous avons délibérément évité les immatriculations à la journée et réduit notre activité de location de voitures », explique M. Goldboom. Cette stratégie, qu'il qualifie de « très efficace », permet d'afficher une « croissance saine » après une stagnation à 1,4 % de part de marché en 2022 et 2023.
L'optimisme est de mise, soutenu par des indicateurs commerciaux au vert. Les carnets de commandes sont pleins, tant chez les particuliers que chez les professionnels, où la croissance est décrite comme « particulièrement forte ». Les concessionnaires allemands signent actuellement un nombre de contrats nettement supérieur, validant l'attractivité de la nouvelle gamme.
L'électrification joue également un rôle central dans cette conquête. Thomas Goldboom est formel : la transition est en marche et Citroën y prend toute sa part. « Nous progressons de manière significative avec nos versions électriques », affirme-t-il, prévoyant qu'environ un tiers des ventes de la marque l'an prochain concernera des modèles « zéro émission ». Que ce soit avec ou sans les aides gouvernementales (comme le programme de location sociale), la marque s'attend à ce qu'un véhicule sur trois vendu soit électrique, prouvant que la démocratisation de cette technologie est au cœur de la stratégie, sans pour autant abandonner les motorisations thermiques qui restent une demande forte du marché.
Identité et positionnement : l’accessibilité sans renoncer au style et au confort
Au sein de la galaxie Stellantis, qui regroupe de nombreuses marques généralistes, la question du positionnement de Citroën est cruciale. Thomas Goldboom apporte un éclairage précis sur ce point, balayant les idées reçues. Si Citroën se revendique comme la marque « la plus attractive du groupe » en matière de rapport qualité-prix, le directeur insiste lourdement : « Citroën n'est pas une marque low-cost. » L'objectif est de séduire une clientèle en quête d'accessibilité sans compromis sur la prestation.
Cette philosophie se traduit par une offre unique sur le marché : Citroën est aujourd'hui l'un des rares constructeurs à proposer « quatre modèles à moins de 20 000 € » dans sa gamme. Là où la concurrence a déserté ce segment ou ne propose qu'un modèle unique, la marque française offre un véritable choix. Cependant, cette quête d'accessibilité ne signifie pas une descente en gamme vers l'entrée de gamme absolu. Interrogé sur la possibilité d'un modèle situé sous la C3, héritier spirituel de l'AX ou de la 2CV, Thomas Goldboom se montre pragmatique face aux réalités réglementaires. Les normes de sécurité actuelles (GSR2) imposent des équipements coûteux comme la caméra de recul ou l'alerte de franchissement de ligne. « Il sera très difficile de concurrencer la C3 », explique-t-il, soulignant qu'une citadine plus petite coûterait finalement le même prix à produire en raison de ces exigences d'homologation.
L'identité de Citroën repose également sur sa différenciation technique et stylistique. Pour maintenir son indépendance au sein du groupe, la marque mise sur ses fondamentaux : le design et le confort. « Le design joue un rôle crucial », note Goldboom, citant la signature lumineuse désormais inimitable qui rend chaque modèle immédiatement reconnaissable. L'architecture des véhicules est aussi pensée différemment : des voitures légèrement plus hautes, plus spacieuses, équipées des fameux sièges Advanced Comfort et des suspensions à butées hydrauliques progressives. Il prend pour exemple le nouveau C5 Aircross, où l'espace aux jambes à l'arrière permet aux passagers de s'installer avec une aisance rare dans la catégorie.
Enfin, Thomas Goldboom a tenu des propos qui ne manqueront pas d'interpeller les passionnés concernant le haut de gamme. Alors que l'avenir de la Citroën C5 X semblait compromis suite aux déclarations de Thierry Koskas, l'ancien patron de la marque, le directeur allemand laisse la porte entrouverte. Rappelant que la grande routière n'est qu'à la moitié de son cycle de vie, il précise : « Il est trop tôt pour décider s’il y aura un successeur. » Plus intéressant encore, il ajoute que si la décision dépendait de la filiale allemande, « nous serions favorables à la commercialisation d’un successeur ». Bien que la décision finale sera prise à Paris, Goldboom promet que « Citroën nous réserve certainement des surprises » et que la marque sera présente « là où vous ne vous y attendez pas ». Une déclaration qui prouve que l'esprit d'innovation et l'audace, chers à André Citroën, sont toujours vivaces au sein de la direction.
Citroën aborde donc l'année 2026 avec une ambition renouvelée sur le marché allemand, soutenue par une stratégie cohérente qui porte ses fruits. Les difficultés logistiques de 2025 étant en passe d'être résolues, la marque peut s'appuyer sur des carnets de commandes pleins pour transformer l'essai. Les propos de Thomas Goldboom confirment que le nouveau positionnement de la marque est le bon : offrir une mobilité populaire et accessible, sans jamais renier l'ADN de style, de confort et d'innovation qui fait la singularité de Citroën. Entre une gamme électrique en plein essor et une fidélité réaffirmée au segment des grandes routières, la marque aux chevrons semble avoir trouvé la voie d'une croissance durable en Europe.


