Nouveau Citroën C5 Aircross (2025) : les choix stratégiques révélés par le chef de produit

Il y a près d'un mois, Citroën levait le voile sur la seconde génération de son C5 Aircross, dont la commercialisation est prévue au cours du second semestre. Si le design de ce nouveau modèle a suscité l'intérêt, certaines décisions de la marque ont interrogé, notamment l'absence d'une configuration à sept places, une option pourtant disponible sur le plus petit C3 Aircross. Sébastien Moraux, chef de produit du C5 Aircross, explique les motivations qui ont guidé ces choix stratégiques.

Plateforme, modularité et confort : les fondamentaux redéfinis

L'une des premières questions concerne le choix de la plateforme technique. Alors que les C3 et C4 reposent sur des plateformes plus économiques au sein du groupe Stellantis, le nouveau C5 Aircross s'offre celle du récent Peugeot 3008. Sébastien Moraux justifie ce choix en expliquant qu'aucune plateforme plus "entrée de gamme" n'était disponible pour répondre aux ambitions du véhicule, notamment en matière d'autonomie électrique. "Nous n'étions pas en volonté de porter tout seul le développement d'une plateforme. Donc on s'est raccroché à la plateforme des autres parce qu'on avait besoin de proposer un véhicule avec plus d'autonomie électrique et cette plateforme le permettait pour atteindre de 500 à 680 km."

Ce choix de plateforme a permis à Citroën de proposer un véritable SUV du segment C, tout en conservant ses valeurs fondamentales : le confort. Cela se traduit par l'intégration des suspensions Advanced Comfort, des sièges dont la confection a été revue pour un meilleur accueil, et une habitabilité intérieure soignée contribuant à une sensation de sérénité à bord. La simplification de la gamme avec trois niveaux de finition et un nombre limité d'options, ainsi que la disponibilité de quatre types de motorisation (MHEV, PHEV et deux versions électriques), visent également à faciliter le choix pour le consommateur. L'accessibilité tarifaire est également une priorité, avec un positionnement prix inférieur à celui du modèle actuel.

Concernant la modularité arrière, la précédente génération du C5 Aircross se distinguait par ses trois sièges individuels, coulissants et inclinables. La nouvelle mouture opte pour une banquette fixe. Sébastien Moraux explique ce changement par une contrainte d'architecture partagée avec d'autres véhicules du programme. Cependant, Citroën a transformé cette contrainte en atout en renforçant le confort de cette banquette. Bien que fixe, elle propose désormais un dossier fractionnable et réglable en inclinaison, permettant à chaque passager d'adapter son confort. Ce choix a également permis de gagner en légèreté et d'abaisser l'assise, favorisant ainsi l'habitabilité.

Si Citroën met en avant le confort de ses assises, celles du nouveau C5 Aircross ne bénéficient pas de la certification AGR, contrairement à certains modèles Peugeot et Opel. Sébastien Moraux précise que la marque a privilégié sa propre "synthèse" du confort, avec des sièges plus accueillants et moins fermes que ceux de la concurrence. Ce confort est renforcé sur les versions haut de gamme avec des sièges électriques, ventilés, massants et, pour la première fois chez Citroën, chauffants à l'arrière. Une autre innovation notable est le réglage du soutien latéral sur les sièges avant, permettant d'ajuster le maintien selon la morphologie.

Une nouvelle donne sur le segment

L'absence de version à sept places pour le nouveau Citroën C5 Aircross a également soulevé des questions, d'autant plus que Citroën propose cette configuration sur le C3 Aircross. Sébastien Moraux explique que l'intégration de sept places dans la longueur choisie pour le C5 Aircross aurait compromis le confort des passagers arrière. De plus, le design arrière, avec sa ligne plutôt "fastback" après la deuxième rangée, aurait nécessité un allongement du véhicule, impactant l'aérodynamique. La marque a donc privilégié un compromis entre taille et habitabilité, estimant que la configuration actuelle est la plus pertinente. Il rappelle que les Berlingo et C3 Aircross demeurent des options pour ceux qui recherchent sept places.

Concernant la concurrence, et notamment la comparaison avec les modèles Dacia, Sébastien Moraux estime que le nouveau C5 Aircross ne se positionne pas directement face au Bigster. Si l'entrée de gamme du C5 Aircross pourrait être légèrement plus chère que le haut de gamme du Bigster, il offrirait selon lui un rapport prix/produit plus avantageux grâce à un niveau de prestations supérieur, permis notamment par la plateforme plus technologique.

Avec ce nouveau C5 Aircross, Citroën a donc opéré des choix stratégiques dictés par la plateforme et par l'ambition de faire de cette seconde génération le nouveau fer de lance de la marque. Ces décisions ont parfois nécessité des concessions, notamment en termes de modularité, mais elles s'inscrivent dans une volonté de proposer un SUV compact au style affirmé, confortable et doté d'une autonomie électrique conséquente. L'optimisme de la marque repose sur un positionnement prix maîtrisé et une richesse d'équipements qui devraient séduire une clientèle large, au-delà des seuls passionnés de Citroën.