[Essai] Citroën C5 X Hybride 145 : unique mais insuffisante

Apparue sur le marché en 2021, la Citroën C5 X fait figure de vétérante de la gamme suite au renouvellement quasi intégral de celle-ci en moins de 18 mois.  Proposée jusqu’alors en motorisation hybride rechargeable et thermique, la grande Citroën a vu peu à peu son offre de motorisation se réduire à peau de chagrin pour ne proposer que la nouvelle motorisation hybride 145 désormais bien connue dans la gamme Citroën. Alors que vaut cette petite motorisation sur la grande C5 X ? Verdict. 

Un concept toujours aussi unique

Le segment des grandes berlines est en déconfiture totale marqué par la désaffection progressive des clients au profit des SUV compacts, plus petits, aussi habitables et mieux équipés pour le même prix. Les seuls constructeurs qui continuent à proposer des voitures sur ce segment sont essentiellement les marques premium après que tous les généralistes, ou presque, en soient partis au fur et à mesure. Il est donc louable à Citroën de proposer, sur ce segment de marché difficile, une offre généraliste qui vient poursuivre la grande tradition de la marque sur les berlines routières.  Il est d’autant plus louable que Citroën ne s’est pas faciliter la tâche en proposant une carrosserie unique mariant les codes des berlines et des breaks, en fabriquant sa berline en Chine et en ne proposant pas de motorisations diesel, le challenge étant donc particulièrement difficile pour cette grande C5 X. 

Depuis la C4 en 2020, Citroën aime marier les différents codes pour proposer des silhouettes uniques qui se différencient nettement sur le marché et c’est le cas avec cette C5 X.  Alors qu’elle a déjà 4 ans, elle reste toujours aussi atypique dans le paysage automobile en proposant, à la fois, les codes d’une vraie berline statutaire à ceux d’un break aux capacités de chargement élevées, le tout teinté de SUV.  Cela donne un concept toujours aussi incomparable sur le marché, une vraie différenciation par rapport à la concurrence mais, également, un risque pour une catégorie où les consommateurs sont plutôt frileux et ne cherchent pas à se faire remarquer.

Basée sur l’ancien style de la marque, la C5 X ne sera pas restylée ni remplacée, elle reste néanmoins encore fort attrayante en proposant une face avant, complexe, mais toujours moderne où les chevrons s’étirent sur toute la largeur de la voiture lui conférant une belle personnalité.  Avec son long capot, la C5 X se dote d’une vraie silhouette de berline qui devrait ravir tous ceux pour qui les SUV sont trop nombreux et qui seront ainsi contents de retrouver une berline assez basse mais qui propose, quand-même, les atouts des SUV qui font leur succès à savoir une position de conduite qui offre une belle visibilité ainsi que des grandes roues et une garde au sol généreuse.  Notez que la C5 X peut recevoir des barres de toits qui la transforment davantage encore en baroudeuse et mixe toujours plus les genres pour offrir une silhouette vraiment unique sur le segment. 

A l’intérieur, là aussi, on reste sur l’ancien style de la marque avec un habitacle fort sombre, tout juste éclairci par des hauts de dossiers de sièges clairs et un ciel de toit clair, mais tout le reste est noir, sérieux et, pour tout dire, assez triste.  L’intérieur du nouveau C5 Aircross prouve qu’on peut faire clair, lumineux tout en donnant un aspect haut de gamme et soigné. Le soin ne manque pas à bord de C5 X puisqu’elle se dote toujours des très élégantes surpiqûres en forme de chevrons sur les portes et les sièges tandis que la planche de bord se poursuit sur les contre-portes avec un plastique imitant très correctement le bois mais, malheureusement, là aussi fort sombre.  

Au final, le bilan reste positif car cette C5 X montre encore une belle modernité et son concept la rend encore unique sur le marché et retrouver une vraie berline, même si elle mélange les genres, fait plaisir à voir et montre qu’une autre voie est possible…mais le client est roi ! La grande Citroën se montre donc soignée dans les détails que ce soit à l’extérieur ou dans l’habitacle avec ces élégantes surpiqûres à chevrons mais Dieu que la marque fait dans la tristesse avec un habitacle trop sombre qui mériterait des teintes plus claires pour se montrer davantage chaleureux. 

Une motorisation étonnamment à l’aise

En prenant le volant de cette nouvelle version Hybride 145, unique motorisation de la gamme, j’avais quelques craintes de voir une puissance somme toute raisonnable dans une grande berline, je me demandais notamment comment le moteur électrique de 28 chevaux en pic ferait pour déplacer la grande Citroën…eh bien, à ma grande surprise, il le fait plutôt fort correctement.  Alors n’attendez pas de performances, ce serait incongru et totalement hors de propos puisque la C5 X n’a absolument aucune prétention sportive voire même dynamique, elle vise le confort et le bien-être.  Mais le petit moteur électrique permet de rouler en mode 100% électrique assez souvent en ville permettant d’atteindre les 50% revendiqués par Citroën assez facilement, il faut dire que les limitations à 30 km/h dans toutes les grandes villes aident considérablement la chose et je me suis surpris à rouler régulièrement, sur un filet de gaz, en mode 100% électrique, profitant alors de toute la quiétude et la sérénité que l’on dispose à bord de cette grande berline aux chevrons.

L’avantage de proposer un concept crossover unique, c’est de proposer une voiture qui reprend les atouts des SUV en gardant ceux des berlines notamment avec une aérodynamique soignée et optimisée qui permet à la grande Citroën de faire des miracles en consommation.  Ainsi, sur mon parcours d’essai témoin de 95 km mariant autoroute, nationale/départementale et ville, la C5 X s’est contentée de 5 litres en moyenne avec un très joli 4.3 sur la partie nationale/départementale où le moteur électrique a pris à de maintes reprises le relais pour permettre d’abaisser la consommation à des niveaux équivalents à ceux de la C4 X pourtant plus légère de près de 200 kilos.  Pour le reste, les reprises se montrent bien suffisantes pour couvrir les besoins du quotidien et répondre à toutes les situations et le moteur se montre assez capitonné pour être assez discret et laisser profiter de la qualité première de cette C5 X : le confort. 

Réduire la C5 X au confort est réducteur tant elle possède de nombreuses qualités mais force est de constater que le confort est, assurément, sa qualité première et de très loin tant voyager dans cette grande berline aux chevrons est un plaisir chaque fois intense et renouvelé.  Même si elle ne dispose pas des suspensions pilotées, privilège réservé aux versions hybrides rechargeables et donc plus disponible à la gamme, le confort proposé par la C5 X est absolument remarquable gommant les aspérités de la route avec une facilité déconcertante, lissant les saignées pour, littéralement, suggérer un effet tapis volant absolument délicieux.  Ce confort exceptionnel se double d’une excellente tenue de route et d’un roulis pas trop prononcé, merci à la hauteur relativement maîtrisée et la largeur de la voiture, même si les suspensions sont souples.  N’allez pas croire, pour autant, que la C5 X vire à plat, ce n’est clairement pas le cas mais elle propose une très bonne tenue de route, très rassurante, qui permet d’envisager les longs voyages dans la plus grande des sérénités, on sait que la C5 X ne sera pas piégeuse et qu’elle saura aider en cas de difficultés, les nombreuses béquilles électroniques aidant également. 

A propos de ces dernières, la grande Citroën dispose de la conduite semi-autonome de niveau 2 associant le régulateur-limiteur de vitesse au maintien dans la voie, qui permet de laisser la voiture gérer, notamment sur l’autoroute, en gardant à peine les doigts sur le volant.  A ce sujet, ce dernier n’est pas capacitif, c’est à dire qu’il impose de “montrer” qu’on garde le cap mais, dans les faits, le réglage est très fin et la seule présence des mains sur le volant permet d’éviter les rappels à l’ordre de la voiture. 

Pour le reste, un point qui m’a particulièrement plu sur cette C5 X concerne l’affichage tête haute directement projeté dans le pare-brise qui se montre vaste, efficace, si efficace qu’il rend inutile le combiné d’instrumentation de 7 pouces personnalisable et dont la lisibilité et la visibilité des infos est excellente au demeurant.  Toutefois, voir les infos directement dans le pare-brise est décidément une très bonne idée et cela s’avère particulièrement plaisant sur de longues routes, un peu moins en ville où l’affichage peut parfois s’avérer gênant mais il se désactive assez facilement. 

Enfin, la C5 X reste une vraie grande berline avec une remarquable habitabilité à l’arrière offrant trois vraies places, celle du milieu l’étant un peu moins en raison de l’accoudoir mais l’espace aux genoux est généreux, la banquette bien creusée, gage d’un voyage dans les meilleures conditions pour les passagers, qu’ils soient petits ou grands, ils seront à l’aise et dans le meilleur des confort. Au global, la partition que joue la C5 X est très bonne avec une motorisation loin d’être étouffée par le poids de cette grande Citroën même si, clairement, elle n’a aucune velléité dynamique ni de prétention sportive mais elle permet d’être à l’aise dans toutes les situations et, surtout, se montre particulièrement économe avec une consommation moyenne de 5 litres seulement sur le parcours d’essai témoin, tirant ainsi profit de l’efficience global de la C5 X où son aérodynamisme maîtrisée lui permet de fendre l’air. Si réduire la C5 X au confort qu’elle propose est réducteur, il faut inévitablement souligner combien il est remarquable et combien cette grande berline se montre plaisante tant au conducteur qu’aux passagers transformant chacun des voyages dans un monde fait d’attention et de douceur. 

En conclusion, cette grande Citroën a d’énormes qualités et un vrai potentiel de séduction sur le marché.  Son style reste moderne, son concept est unique, son confort incroyable, son efficience globale maîtrisée et son habitabilité plus que généreuse, bref elle a tout pour elle, même si cette motorisation hybride 145, efficace et économe, est un peu juste pour son standing, le tout pour un prix ultra-compétitif, 8 000€ moins chère que la Skoda Superb équivalente.  Pour autant, force est de constater que cette C5 X ne semble pas correspondre aux attentes du marché, insuffisamment mise en avant par la marque, elle hésite trop entre les mondes et fait une proposition “bâtarde” ni tout à fait une berline, ni tout à fait un break, ni tout à fait un SUV qui peut perdre les consommateurs.  De plus, ses indéniables atouts que sont son accessibilité, son habitabilité, sa consommation mesurée ne sont pas des arguments recherchés sur ce segment de marché où la puissance moteur et l’image de marque compte beaucoup.  Avec une image entachée par les moteurs Puretech et les airbags Takata et une puissance somme toute modeste, la C5 X manque la cible des professionnels, ultra-majoritaire sur ce segment de marché…à tort et grands regrets, car ils passent à côté d’une voiture à tout point de vue très réussie.